Le groupe hôtelier Raulic met en place, depuis un an, des actions de lutte contre la sédentarité, pour encourager ses salariés à bouger et à gagner en énergie. Un engagement qui joue aussi sur leur bien-être et sur la performance de l’entreprise qui a besoin de collaborateurs en bonne santé.

La fatigue est souvent liée au manque d’activité physique. C’est le constat du Professeur François Carré, cardiologue et médecin du sport du Pôle Expertise Prévention Santé. Invité par le groupe Raulic, acteur hôtelier breton (980 salariés), l’expert a contribué à lancer le Challenge +1 MET : un défi lancé aux collaborateurs du groupe invités à « se bouger ».

Le « MET », pour Metabolic Equivalent of the Task, permet de mesurer la capacité aérobie (la capacité physique) soit l’effort musculaire maximal que l’on est capable de maintenir pendant cinq minutes. Un bon capital santé se situe à hauteur de 8 METs pour l’homme et 7 METs pour la femme (variable selon l’âge).

Le groupe Raulic souhaite donc encourager ses collaborateurs à « gagner un MET grâce au challenge ». Comment ? Les volontaires doivent réaliser 15 minutes de step par jour, trois fois par semaine pendant trois mois, à l’aide d’une application mobile pour le suivi des entrainements. Le tout, offert par l’entreprise, qui propose aussi un suivi rapproché par une nutritionniste et un coach. « L’idée m’est venue à la suite de plusieurs discussions avec des collègues : une formatrice en esthétique trouvait les apprenties fatiguées, des jeunes en CAP cuisine me disaient qu’après le service ils rentraient sur leur canapé mais ne faisaient pas de sport, ‘par flemme’… J’ai pris conscience qu’il y avait une vraie problématique, présente Véronique Lebourdais, DRH du groupe. Nous menons chaque année des actions de prévention du cancer du sein, du diabète, de l’hypertension, je me suis dit qu’on devait faire quelque chose sur la sédentarité. »

Un gain de forme et des économies pour la Sécurité sociale

Elle organise alors une conférence du Professeur Carré et investit 33 000 euros dans le challenge +1Met. « Gagner 1 MET c’est diminuer de 15 % les risques de maladie cardiovasculaire, de 13 % les risques de mortalité globale et c’est réaliser 450 euros d’économie de santé par an en moyenne, en sachant qu’une capacité d’aérobie inférieure à 8Met, permet de réaliser 1 350 euros d’économie par an », rapporte le groupe Raulic dans un communiqué.

Ainsi, 50 salariés se portent volontaire. Trois fois par semaine ils doivent faire leur quart d’heure de step. Ils sont encouragés sur un groupe Whatsapp par les coachs et, une fois par mois, ils échangent tous ensemble sur leurs difficultés et satisfactions. « Une bonne motivation, se réjouit Véronique Lebourdais. Grâce à ce programme, les 50 volontaires ont pu en moyenne gagner +1.94 METs, leur tour de taille a sensiblement diminué et l’indice QDV (qualité de vie) a vu sa moyenne augmenter de +2,2%. » Le coût santé représente quant à lui pour la Sécurité sociale, une réduction de frais de 1 466 euros par personne, soit 122 348 euros à l’échelle de l’expérimentation comptabilise le groupe.

Pour Marie Coulibaly, le challenge est « très positif ». La salariée de 39 ans fait partie depuis dix ans de l’équipe Réservations de Raulic. Un métier très sédentaire : « Nous sommes toute la journée assises derrière notre ordinateur, téléphone à l’oreille », décrit-elle. La jeune femme qui se dit « en situation d’obésité » a plusieurs fois essayé de perdre du poids et de faire du sport. Après la conférence organisée par le groupe, elle s’est portée volontaire pour le défi. « J’ai un fils de deux ans et demi et je ne veux pas qu’il soit sédentaire, je veux lui montrer l’exemple », assure-t-elle. Grâce au challenge, elle a perdu 5 centimètres de tour de taille et se sent « plus en forme ». « Je m’organisais pour faire la séance de step le matin à 7h30, car le soir, avec un enfant en bas âge, c’est compliqué. Mais mon fils m’encourageait, et mon époux aussi. Surtout, il y avait une bonne dynamique au travail, de vrais encouragements, sans jugements sur le groupe de volontaires », apprécie-t-elle.

Des conseils de l’entreprise pour bouger plus

Depuis, elle applique aussi les conseils relayés par l’entreprise : se garer plus loin du travail pour marcher dix minutes matin et soir, monter et descendre les escaliers, faire les courses à pied, aller à l’imprimante plusieurs fois par jour… « Je vais avoir 40 ans et si je veux arriver à la retraite en bonne santé, c’est maintenant qu’il faut s’en préoccuper, j’ai eu une vraie prise de conscience alors qu’en moyenne la santé décline à 64 ans et que l’espérance de vie en bonne santé en France pour les femmes est largement inférieure à l’espérance de vie globale (64,5 ans contre 85,3)  », ajoute-t-elle.

« Nous remarquons des changements d’habitudes. Les informaticiens vont marcher sur la digue lors de leurs pauses, de même que les esthéticiennes le midi. Davantage de salariés viennent à vélo, d’autres se garent plus loin et marchent… C’est vraiment positif », apprécie la DRH qui a elle-même amélioré sa capacité physique grâce au challenge. A la question de savoir si l’entreprise est dans son rôle avec ses conseils de santé et de sport, elle est catégorique : « Si l’entreprise ne le fait pas, ses salariés seront en moins bonne santé, donc oui l’entreprise est dans son rôle puisqu’elle a besoin de salariés en forme

Le groupe veut désormais mettre en place des ambassadeurs du programme « Bouger pour une meilleure santé » dans chaque service afin de faire perdurer le mouvement. Ils auront pour rôle de proposer des groupes d’activités physiques et d’ouvrir des temps d’échanges autour du thème « mettre du mouvement dans son quotidien » dans leur service, pour gagner encore en énergie et améliorer les capacités physiques de chacun.

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A lire aussi :
– Sédentarité : comment l’éviter au travail ? 
A écouter : 
– Mon idée QVT #37 : Le sport en entreprise

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Titulaire d’un master de journaliste au Celsa (Paris), Lucie Tanneau est journaliste indépendante, sillonnant la France, et plus particulièrement l’Est de la France au gré des thèmes de ses articles. Elle collabore à de nombreux titres, de Liaisons sociales magazine, La Vie, et Okapi, en passant par Grand Est, l’Est éclair, Village, et Foot d’Elles.

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