Certains salariés utilisent leur compte formation (CPF) pour apprendre une langue, une technique, ou une activité qui n’a aucun lien avec leur métier. Pourtant, cette pause de quelques heures ou jours leur redonne de l’allant dans leurs tâches. Comme un break salutaire, hors du quotidien de travail.

Sarah, 34 ans, est coordinatrice de projets dans une grande école. Pendant le confinement, elle a choisi d’utiliser son CPF pour apprendre l’italien et se former aux logiciels Photoshop et Ligthroom (retouches photographiques). « En temps normal, j’ai énormément de formations. Avec le chômage partiel, tout s’arrêtait, et ça me manquait », raconte-elle. « J’avais 3 000 euros sur mon CPF, je me suis dit que c’était le bon moment ». Elle évolue depuis son début de carrière dans un « environnement international » et « adore l’italien et l’Italie », elle a donc décidé de prendre des cours dans cette langue. « C’est surtout pour des raisons personnelles, pour parler quand je pars en vacances, même si ça pourra aussi me servir avec mes clients italiens », reconnait-elle. Quand aux logiciels, elle n’en n’a pas du tout besoin dans son quotidien professionnel… « mais si un jour je crée ma boîte, ça pourra me servir », anticipe-t-elle. « Beaucoup de gens autour de moi changent de métier en ce moment », observe la jeune femme, « donc ces formations permettent aussi de rester à jour », assure-t-elle.

Apprendre tout au long de sa vie

De l’autre côté de la chaîne, Georges, 62 ans est gestionnaire dans un centre de formation. Il est quasiment à la retraite, mais a lui aussi décidé de continuer à se former. Plus pour son employabilité donc, mais pour « continuer à apprendre ». Lui aussi souhaitait utiliser sa cagnotte personnelle, avant de partir à la retraite, et voit ces formations comme « un avantage en nature » pour lequel il a cotisé. Il s’est d’abord formé quelques jours à la soudure – « rien à voir avec mon métier » – puis à l’anglais, « pour des raisons purement personnelle : j’ai un fille en Nouvelle-Zélande », sourit-il.

« Ces formations m’intéressaient à titre personnel, et j’ai pu les faire dans le cadre de mon entreprise ». Georges reconnaît que si son supérieur ne l’avait pas autorisé à participer à ces formations, il aurait été découragé. « S’il avait refusé, j’aurais eu du mal à continuer de m’investir pour lui, ça m’aurait surement bloqué et je me serais demandé pourquoi continuer à me démener pour cette entreprise-là, qui ne comprend pas mes motivations personnelles », avoue-t-il. « Ca fait plusieurs années que je n’évolue plus dans mon boulot, que je n’ai plus besoin de me former à mon poste, mais j’ai quand même envie de continuer d’apprendre », reconnait-il. Il devrait reprendre quelques cours d’anglais ces prochains mois, avant de faire ses cartons.

Une marque de considération

Pour la psychologue du travail Babette Declerck, installée à Armentières, dans le Nord, faire des formations comme des breaks de carrière peut être positif. « Si l’employeur accepte, ça me montre que je ne suis pas qu’une force de travail pour lui, pas qu’un numéro, mais qu’il a également de la considération pour moi. Cela peut-être bénéfique pour la relation », admet-elle. Pour d’autres personnes, ce pas de côté peut « être rassurant ». « Dans le monde du travail instable que nous connaissons, développer son portefeuille de compétences donne confiance en son employabilité et peut aider à se sentir bien », analyse-t-elle aussi. « Certaines personnes sont aussi très curieuses, et ont besoin de se former intellectuellement régulièrement, même si ce n’est pas en lien avec leur travail, pour être bien », encourage la psychologue.

Une source d’équilibre et de bien-être

Babette Declerck voit aussi un autre avantage à ces formations bonus : « pour quelqu’un qui exerce un métier dans lequel les résultats ne sont pas visibles ou concrets, comme c’est le cas de métiers très administratifs, de métiers de service ou avec des tâches très morcelées, certaines activités manuelles peuvent permettre de retrouver un équilibre, en constatant immédiatement la finalité de ce que l’on est en train de faire. La soudure, la pâtisserie, la rénovation de meubles, par exemples, peuvent apporter une satisfaction immédiate. En se formant, même si c’est pour exercer ces activités le weekend, le salarié peut retrouver un équilibre dans sa semaine », note-elle, observant ce phénomène chez certains patients qu’elle accompagne suite à des burn out.

Se former, développer ses compétences, avoir une palette d’activités variées, ne remplaceront pas un travail mal-aimé ou un management défaillant, mais ce pas de côté peut permettre de trouver un meilleur équilibre vie personnelle – vie professionnelle et activités de travail – hobbys. Alors que de plus en plus d’employeurs prennent conscience de l’importance de la qualité de vie au travail, le moment est peut-être venu d’oser demander une formation, non ?!

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Titulaire d’un master de journaliste au Celsa (Paris), Lucie Tanneau est journaliste indépendante, sillonnant la France, et plus particulièrement l’Est de la France au gré des thèmes de ses articles. Elle collabore à de nombreux titres, de Liaisons sociales magazine, La Vie, et Okapi, en passant par Grand Est, l’Est éclair, Village, et Foot d’Elles.

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