Si je ne suis pas forcément adepte des articles du type « mon burn-out : une chance », « mon burn-out : une renaissance » ou encore « comment j’ai pu renaître de mes cendres grâce à mon burn-out », je dois reconnaître qu’il y a du vrai dans ces séduisantes affirmations. Il y a bien un « avant » et un « après » burn-out. Si, si…il y a bien un « après ». Et même que ça peut être (bien) mieux qu’avant. Parlons ensemble des séquelles du burn-out et cet l’après.
L’expérience du burn-out laisse des séquelles
Vivre un burn-out est une épreuve de vie extrêmement difficile, redoutable parfois. Ordinairement précédé de signaux d’alerte, l’épuisement professionnel peut, tel un tsunami, dévaster et réduire sa victime à peau de chagrin. Que l’on parle de « burn », « brown » ou encore de « bore-out » – peu importe – la souffrance est là, bien réelle et difficilement acceptable pour celui ou celle qui la vit au quotidien.
Le burn-out submerge, renverse. Il happe et il tue parfois. Oui, il tue. Parfois. Il faut le dire. Nous qui réfléchissons et écrivons sur ce délicat sujet, il est selon moi de notre responsabilité de le dire : un épuisement professionnel peut tuer. C’est donc un sujet grave…à ne surtout pas rendre glamour, et encore moins « tendance ». Et même s’il ne tue pas, le burn-out peut laisser des séquelles.
Pour autant, il peut parfois être une opportunité. Je n’emploierai pas le mot « chance » mais plutôt « occasion ». Il peut effectivement être une occasion de réfléchir, de s’écouter, de faire le point, de modifier, de changer, de faire autrement et même parfois mieux. C’est aussi ça l’épuisement professionnel : une turbulence qui oblige à prendre un nouveau départ. Car il ne vous laisse pas le choix : il terrasse, puis il oblige. A penser avant de panser. C’est ce versant positif du burn-out que j’avais envie de traiter pour démarrer ces chroniques de l’épuisement professionnel d’Oser Rêver Sa Carrière pour My Happy Job.
Qu’est-ce qu’un burn-out ?
Rappelons tout d’abord ce qu’est un burn-out. Il est aujourd’hui défini comme suit par la Haute Autorité de la Santé (HAS) « Le burn-out, ou syndrome d’épuisement professionnel désigne un état d’épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel. Les travaux de Christina Maslach ont permis de concevoir ce syndrome comme un processus de dégradation du rapport subjectif au travail. Concrètement, face à des situations de stress professionnel chronique, la personne en burn-out ne parvient plus à faire face » (1). Si la définition de la HAS ne mentionne pas directement les séquelles du burn-out, on comprend que cette maladie est le fruit d’un processus : elle s’installe donc dans la durée. Comprendre que le burn-out laisse des séquelles même dans son “après” semble alors assez évident. Mais quelles sont-elles ? Comment y faire face ?
Quelles sont les séquelles d’un burn-out ?
Les conséquences et les séquelles laissées par un burn-out varient d’un individu à l’autre. Une constante toutefois : la souffrance, avec plusieurs types d’effondrements : effondrement physique, psychique, voire émotionnel. L’épuisement oblige donc à s’arrêter, puis à se reposer.
Mais une fois guéri, le burn-out laisse des séquelles, en fonction de sa durée. La maladie peut en effet avoir une durée variable, et ce sont les burn out les plus longs qui laisseront des marques dans le futur.
Les séquelles sont de trois types : physiques, cognitives et morales. Sur la partie physique, le burn-out peut laisser des séquelles au niveau du système cardiovasculaire, des muscles et du squelette. Sur les séquelles cognitives du burn-out, celui-ci peut affecter la mémoire, la logique et la concentration, au travail mais aussi dans la vie quotidienne. Enfin, sur le plan moral, le burn-out force à repenser son rapport au travail, à l’entreprise et à la quête de sens.
Que faire après un burn-out ?
Il faut ensuite repartir. Mais comment ? Là est l’éternelle question (et inquiétude) des épuisé(e)s, burn-outé(s) ou “phénix” tel qu’on les appelle ici et là. Comment repartir après un burn-out ? Surtout si celui-ci a laissé des séquelles. Là encore, il n’existe pas de réponse universelle, ni miracle. La meilleure des réponses, en l’absence de recette magique, tient toutefois selon moi en 9 lettres : A.U.T.R.E.M.E.N.T. En faisant autrement. En vivant autrement. Autrement, autrement, autrement… oui, mais comment ?
Là encore, la réponse à cette question varie d’un individu à l’autre. Vous l’aurez compris : exit les généralités sur ce sujet. Faisons plutôt de la dentelle. L’objectif premier de l’épuisé(e) étant de ne plus souffrir et de sortir de cet état douloureux dans lequel il ne se reconnaît souvent pas, il lui est nécessaire, à un moment donné du processus, de faire son introspection. D’abord, sur le plan physique et cognitif : se remettre du burn-out, éviter les séquelles sur le long terme. Ensuite, en analysant la situation. Cette crise de vie impose de se poser des questions, et, idéalement, les « bonnes » :
- Pourquoi cela m’est-il arrivé ?
- Quelle est ma part de responsabilité dans cet effondrement ? Cela oblige à se regarder en face, de façon froide et impartiale.
- Quelles sont les causes de mon burn-out ? Cela oblige à analyser les raisons endogènes (tenant à soi) comme exogènes (tenant à l’extérieur).
Pour y voir plus clair, réaliser un tableau avec deux colonnes pour lister les causes endogènes et les causes exogènes ayant menées au burn-out. C’est essentiel pour mieux se comprendre, y voir plus clair et ne pas “repartir comme en 40”. Objectif : ne pas rechuter et se ré-épuiser.
Partant du principe que les mêmes causes produisent les mêmes effets, il est en effet indispensable de travailler tout d’abord sur ces causes. Cela permettra au burn-outé de comprendre ce qui doit être modifié pour l’avenir : son comportement, son rapport au travail, son cadre de travail, voire son métier. Car s’il est difficile d’agir sur les causes exogènes, travailler sur les causes endogènes avec un psy(chiatre/chologue), médecin, coach, etc. est non seulement possible mais surtout indispensable pour ne pas rechuter sur le long-terme. Une fois le tableau rempli, vous pouvez donc vous posez la question suivante : “Comment puis-je agir sur chacune des causes endogènes recensées ?”.
Visualiser son scénario de vie idéale
L’objectif second de l’épuisé(e) est de retrouver une vie normale. Souvent, nous entendons, nous les consultants et coachs, “je voudrais tellement que tout redevienne comme avant”. Grave erreur ! Il s’agit de ne surtout pas reproduire les mêmes schémas, ni d’observer les mêmes règles de vie qu’avant. Rappelez-vous où elles vous ont menées. Il faut au contraire se poser la question (fondamentale) suivante : “Quelle vie ai-je envie d’avoir ?”, “Qu’est-ce que je veux vraiment ?”. Il est donc nécessaire de visualiser son scénario de vie idéale, aussi bien sur le plan professionnel que personnel. Interrogez-vous également sur votre vie sociale (quelle place ?) et votre vie intérieure (religieuse, spirituelle, valeurs, engagements citoyens, associatifs, etc).
Parce que l’épuisement professionnel, contrairement à ce que son nom indique, ne touche pas que le travail. Bien souvent, en période de « burn-in » (période de surchauffe pré-effondrement), le (ou la) futur(e) épuisé(e) néglige tous les domaines extra-professionnels : santé, vie familiale, vie corporelle, vie sociale, etc. Le travail a pris toute la place. Il a tout dévoré. L’épuisé(e) s’est oublié(e). Il doit donc se redécouvrir. Pour parvenir à (re)créer un équilibre de vie pérenne sur le long terme, il est nécessaire de décloisonner les sphères de sa vie et de s’interroger sur la façon dont on souhaite les traiter et…plus globalement…se traiter.
Les séquelles morales d’un burn-out : la question du sens donné à son travail… et à sa vie
L’ensemble de ces questionnements amène bien souvent la personne épuisée à une autocritique de sa vie antérieure : on arrive alors au niveau des séquelles morales du burn-out. Ces critiques peuvent être douloureuses. Il est effectivement difficile de se dire que l’on s’est négligé, soi ou sa famille, pendant plusieurs mois, voire plusieurs années. Vient alors le temps de la prise de conscience : “Comment ai-je pu autant m’oublier ?”. Cette question constitue la pierre angulaire du burn-out. Parce que constater que l’on s’est oublié implique parfois de la culpabilité, de la tristesse ou de la colère qui peuvent se transformer en moteur pour agir et redessiner sa vie. A partir de là, de nouvelles questions émergent sur le plan personnel comme professionnel (que nous traiterons dans les chroniques à venir).
Et c’est en toile de fond la question du SENS qui revient systématiquement à l’occasion d’un burn-out “quel sens vais-je donner à ma vie à présent ?”, “quel sens vais-je donner à mon travail ?”
C’est précisément cette question, et surtout la réponse qu’on lui apporte, qui permet, parfois – mais pas toujours (et c’est important de le dire et le redire) – de transformer cet épisode difficile en “un mal pour un bien”.
Ex-chasseuse de tête, enseignante-chercheur en droit des affaires, Marina Bourgeois est consultante en reconversion professionnelle et bilan de carrière.
Elle a fondé les Samedis du Burn-Out, un événement mensuel dédié à l’échange et à la construction d’outils de sensibilisation à la souffrance au travail. Plus d’infos : www.oser-rever-sa-carriere.com
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Crédit photo : © Jérôme Rommé – Fotolia.com
bonjour Marina
Je vous remercie pour cet article sur le burn-out.
Il est souvent bien dur de trouver sa place aussi après un burn-out, à la maison.
Que vais-je faire de mes journées, suis-je utile à la maison ? peuvent être les questions que l’on se pose ou se se posera au moment de la reconstruction.
Et la famille doit savoir et pouvoir accueillir la personne qui a fait un burn-out.
Au plaisir
Evan BOISSONNOT