Lutter contre le sexisme ordinaire en entreprise

Par le biais du collectif #StOpE, de plus en plus d’entreprises veillent à sensibiliser leurs collaborateurs aux remarques relevant du sexisme ordinaire. En 2024, 72 nouveaux signataires ont rejoint le collectif, dans le but de s’emparer du sujet et de lutter contre les inégalités au travail.

« Si tu as un enfant, tu ne voudras plus travailler », « Tu peux nous faire un café ? », « Tu es sûre de vouloir manager ? »… Ces petites phrases relèvent du sexisme ordinaire, c’est-à-dire qu’elles semblent banales et inoffensives. Or, elles n’ont d’anodin que leur apparence. En réalité, elles minent la personne qui les entend, le plus souvent une femme. Et c’est pour lutter contre ce sexisme et les stéréotypes de genre qui en découlent que le mouvement #StOpE (Stop au Sexisme dit « Ordinaire » en Entreprise) a été créé en 2018. En 2024, il fête donc ses 5 ans d’existence avec une première fierté : il compte désormais 270 entreprises signataires, soit des organisations qui s’engagent à faire bouger les choses. « Ce collectif, c’est la mobilisation d’entreprises, de grandes écoles et d’institutions autour de moments de partages. Ils participent à des réunions trimestrielles pour revenir sur ce que chacun réalise, de manière concrète, sur le terrain. La mobilisation est massive car chaque réunion comptabilise jusqu’à 150 participants. Ainsi, 9 signataires sur 10 ont mis en place des actions pour informer et faire prendre conscience des comportements sexistes et de leurs impacts. Soit, en 2023, plus de 600 actions déployées », développe Morgane Reckel, cofondatrice de #StOpE, et directrice associée diversité, équité, inclusion chez EY France. Cette dernière est l’une des trois entreprises à l’origine du collectif avec Accor et L’Oréal, sous l’égide respectivement de Anne-Sophie Beraud et Anne-Laure Thomas, également responsables diversité et inclusion

Des ambitions freinées

Parmi les engagements que doivent respecter les signataires ? Afficher et appliquer le principe de tolérance zéro, informer pour faire prendre conscience des comportements sexistes (actes, propos, attitudes), inciter l’ensemble des salariés à contribuer, à prévenir, à identifier les comportements sexistes et à réagir face au sexisme ordinaire, etc. L’objectif étant aussi d’accompagner l’ensemble du collectif pour faire remonter les situations et aider les victimes. Car, en parallèle, le collectif #StOpE interroge ses partenaires pour prendre le pouls et établir des données, illustrant le quotidien en entreprise. En 2023, les chiffres démontrent une réalité encore amère : 6 femmes sur 10 ont entendu des propos dégradants s’appuyant sur des représentations stéréotypées de la féminité́, 7 sur 10 peuvent témoigner d’une remise en cause à manager et 50 % des femmes jugent avoir déjà été freinées en raison de leur sexe. Mais au bout de 5 ans d’existence, le collectif #StOpE est aussi fier d’avancer le chiffre de 35 000 salariés et agents formés pour identifier les attitudes, gestes et blagues sexistes. « Quand une entreprise s’engage, elle voit ses résultats, intervient Anne-Laure Thomas. En deux ans, nous avons constaté un recul du sexisme ordinaire de 15 points chez les employeurs qui se mobilisent. »

L’entreprise, un terrain neutre

Le rôle des entreprises dans l’évolution des mentalités est en effet essentiel. « Les stéréotypes de genre interviennent en dehors de l’entreprise, souvent dès l’enfance, pointe Clotilde Coron, professeure en sciences de gestion, à l’université Paris-Saclay. Mais il y a aussi une responsabilité des entreprises : elles contribuent à ces stéréotypes par la communication et la publicité, elles ont un rôle à jouer à travers leurs produits et leur stratégie marketing. En interne, on peut aussi rêver que l’entreprise soit un terrain plus neutre. Et qu’elle travaillera de manière à éviter que les stéréotypes de genre ne se transforment en inégalités. » C’est pourquoi, les entreprises signataires de #StOpE échangent, donc, leurs bonnes pratiques dans des espaces de co-construction, mais elles peuvent aussi mettre à disposition de leurs collaborateurs des modules de formation, type e-learning de sensibilisation. « Le sexisme ordinaire c’est un travail de tous les jours, convient Eric Fourel, président de EY France. Comme il relève de la blague, on l’excuse facilement. Or il est pernicieux car, à force de se répéter, il sabote la confiance des personnes qui en sont victimes. Il est cette porte entrouverte vers des déviations plus graves. » Toutes ces situations qui tirent vers le toxique peuvent créer une souffrance au travail très importante. Aussi, le collectif #StOpE l’affirme : 5 ans, ce n’est qu’un début. Il faut continuer de grandir. Rendez-vous l’année prochaine, donc, pour connaitre le nombre et le nom de nouvelles entreprises prêtes à s’engager.

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Diplômée en lettres modernes, Céline Tridon a suivi une formation en journalisme à l’IPJ. Elle y a confirmé son envie de travailler pour la presse écrite et web, souhait exaucé à travers la collaboration avec différents supports sur les thématiques « entreprise », « monde du travail », « management » et « RSE ». En 2023, elle reprend la rédaction en chef de My Happy Job.

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