Face aux difficultés de recrutement qui persistent, les entreprises cherchent à créer un environnement et des conditions pour promettre le bien-être de leurs salariés au travail. Dès lors, il est pertinent de mettre en place des outils pour mesurer le bien-être des collaborateurs et de prendre en compte… leurs désirs. C’est ce que développe, dans cette tribune, Ariane Flahault, CEO de l’Aleph.
Si les conditions de travail participent à la décision d’accepter un poste ou d’y rester, elles n’en seront pas, sans doute, l’élément déclencheur. Ce qui fera prendre au candidat ou au salarié telle ou telle décision, ce qui nous anime et nous fait agir, ce sont les désirs.
Du latin desiderium, le mot « désir » désigne le mouvement qui, au-delà du besoin en tant que tel, nous porte vers une réalité que nous nous représentons comme une source possible de satisfaction. Ainsi, le désir est ce qui met en mouvement. Il est, selon Spinoza, l’essence même de l’homme, c’est-à-dire l’effort par lequel l’homme “s’efforce de persévérer dans son être” (cf le livre III de L’Ethique).
Du voyage aux désirs
Dans cette perspective de trouver un moyen fiable et opérationnel d’appréhender le désir, Sylvie Rebillard, responsable R&D de l’Aleph, a réalisé des travaux de recherche autour du Voyage. Le voyage est physique ou métaphorique et les résultats obtenus peuvent concerner toute activité humaine susceptible d’être vécue comme un voyage.
La structure des cinq faisceaux de désirs, notamment, est déclinable sur l’expérience
professionnelle.
- L’Instant : le désir de s’investir pleinement, d’être happé par sa mission et de savourer le plaisir d’être là;
- L’Inconnu : le désir de se dépasser, de pousser les limites, de se challenger quitte à s’étonner;
- Le Sens : le désir de contribuer à ce qui a du sens pour soi, de s’accomplir;
- L’Harmonie : le désir d’équilibre, qui rend harmonieux l’environnement
professionnel, physique et humain; - L’Enfant : le désir d’apprendre, pouvoir prendre des initiatives, avoir le droit de
tentatives, dans un entourage bienveillant… s’émerveiller…
Qu’est-ce que cela peut nous dire ? Par exemple, en ce qui concerne la portée du désir que nous appelons « L’Enfant », nous sentons tous, parfois, comment laisser parler l’enfant qui est en nous peut nous apporter de la joie, du plaisir et entretenir le désir ! Il peut donc sembler particulièrement important à entretenir, tout au long de la carrière d’un salarié, cette énergie que nous avons quand nous commençons un nouveau poste, qui nous donne des ailes. Au moment où tout semble intéressant et possible… Où nous nous sentons autorisés à poser toutes les questions, à demander de l’aide. Est-ce que, quelques années plus tard, nous ne nous mettons pas des limites, considérant que nous savons déjà. Ne regardons-nous pas les évènements avec un sentiment légèrement “blasé” ?
Selon Spinoza, encore, le désir est une force qui s’affirme et poursuit son propre
accroissement parce que celui-ci est vécu comme Joie.
L’entreprise qui serait plus à même de préserver vivaces les désirs des salariés tout au long de leur vie professionnelle, satisferait, de facto, les attentes de bien-être.
Des changements dans le temps
Les désirs ne constituent pas l’identité de la personne. Ils ne sont pas les mêmes à 20 ans, à 30 ans, à 40 ans… lors de la prise de poste, et au bout de quelques mois dans l’entreprise…
Si les salariés pouvaient s’interroger régulièrement sur ce qui les anime, prendre conscience de leurs désirs au travail, et de ceux de leurs collègues, ne pourraient-il pas agir collectivement pour que le travail réponde mieux aux désirs de chacun et améliorer ainsi le bien-être personnel de façon profonde ?
Parce qu’enfin, l’essence de l’homme est de désirer, c’est-à-dire de vouloir et de juger bon ce qu’il désire.
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