Si l’épuisement professionnel constitue indéniablement une épreuve aussi violente que complexe à comprendre et démêler, il est possible d’en sortir. Marina Bourgeois, dirigeante d’Oser Rêver Sa Carrière et auteure de « Burn-out. Le (me) comprendre & en sortir », a imaginé la méthode Kintsugi pour se reconstruire progressivement et durablement, malgré (et avec) les fêlures.

Qu’est-ce que le kintsugi ?
Le kintsugi est une technique de réparation des porcelaines et céramiques destinée à embellir des objets fracturés grâce à l’utilisation de laque de poudre d’or. Il s’agit de donner une seconde vie à l’objet en sublimant ses fissures. On ne le jette pas, on ne le dénature pas. On « fait avec » pour « créer du mieux ».

Plus qu’un art, le kintsugi constitue une philosophie de résilience particulièrement adaptée aux situations d’épuisement professionnel. Les fissures morales et physiques liées au burn-out ne doivent être ni camouflées ni déniées. Surtout pas. Elles sont en revanche transformables et peuvent, une fois le creux de la vague passé, constituer un formidable creuset pour se reconstruire et préparer l’avenir.

Comment est née l’idée de cette méthode ?
Lors des Samedis du Burn-Out et de mes séances de coaching, je me suis rendue compte que de nombreuses personnes en souffrance au travail se sentaient complètement démunies. Elles ne savaient pas comment faire pour se reconstruire après un épuisement professionnel, par où commencer. En dehors des consultations auprès des professionnels de santé, évidemment plus que nécessaires, rien n’existait vraiment sur « l’après burn-out ». S’il est évident qu’il est difficile de proposer des solutions universelles applicables à tous – chaque épuisé vivant une situation singulière – des dénominateurs communs existent et permettent de travailler sur un socle commun de questionnements et d’habitudes à modifier. Le programme Kintsugi™ est ainsi avant tout un programme comportemental. Il s’agit de travailler, pour le modifier et l’améliorer, son rapport au travail et à la vie.

Comment se motiver à penser à l’après et à se projeter ?
Nous constatons qu’à chaque phase de l’épuisement correspond des prises de conscience. S’il est évident que la question de l’après ne peut (et ne doit) pas être réglée au moment de l’effondrement, puisque le capital énergétique de la personne empêche toute projection, il est un moment où, naturellement, l’épuisé(e) reprend du poil de la bête et commence à ré-envisager l’avenir. Il est essentiel, dans cette phase de remontée, de ne rien précipiter, de continuer à se faire accompagner et de se poser les bonnes questions. Le programme Kintsugi™ est fait pour ça : soulever les questions indispensables pour mieux comprendre les causes de son burn-out, son rapport au travail, appréhender la place prise par le travail dans sa construction identitaire, reprendre confiance en soi pour ré-envisager une reprise de travail sereine avec des modalités adéquates et ancrer, sur la durée, une meilleure hygiène de vie respectueuse de son écologie personnelle. Je suis partie du principe que la marge de manœuvre de l’individu sur l’organisation est plus que maigre. Il peut en revanche agir sur lui, un pas après l’autre en matière de burn-out.

Quels sont les écueils à éviter après un burn-out ?
On observe une tendance récurrente sur la fin des arrêts de travail : bien souvent, une fois l’énergie reprise, l’épuisé souhaite revenir à la vie « normale », socialement parlant (reprise de RDV, activités, etc.). Il faut être prudent lors de cette phase de remontée car il est difficile de présager de ses forces d’un jour sur l’autre. Tant que la remontée n’est pas consolidée, mon conseil est ne pas être trop présomptueux(se) de ses forces et éviter la sur-anticipation ou la surcharge. Accepter de vivre au jour le jour le temps de récupérer durablement est à mon sens salutaire.

Que vous ont appris les personnes que vous accompagnez  ?
Mes accompagné(e)s me confirment tous les jours que la notion de piqûre de rappel est essentielle : une des difficultés que traversent les épuisés (et qui est aussi une de leur plus grande peur après un burn-out) est la crainte de la rechute. Ils ont quasiment tous peur de « repartir comme en 40 » et de se ré-épuiser. Ancrer solidement de nouvelles habitudes de vie, se les rappeler et se les faire rappeler (que ce soit par l’entourage, les collègues ou un accompagnant professionnel) est essentiel. Ils m’ont également convaincue que l’après burn-out, lorsque les séquelles physiques et/ou psychologiques, ne sont pas trop graves, est bien mieux que l’avant…Difficile à croire lorsque l’on est dedans, mais beaucoup s’accordent à dire que sans cette grosse zone de turbulences, ils seraient passés à côté de leur vie…Enfin, ils m’ont appris que le retour au corps est absolument essentiel. Ce n’est pas pour rien que le burn-out est souvent l’occasion pour ses victimes de s’intéresser à des pratiques telles que le yoga, la méditation, le pilates, etc.

Plus d’infos : http://www.oser-rever-sa-carriere.com/programme-kintsugi/

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Crédit photo : Photo by Stephane YAICH on Unsplash

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Diplômée de Sciences-Po Paris, Fabienne Broucaret a fondé My Happy Job en 2016. Elle en a été la rédactrice en chef jusque fin 2022. Conférencière et journaliste, elle a écrit "Mon Cahier Happy at Work" (Solar) et "Télétravail" (Vuibert). Elle a aussi co-écrit “2h chrono pour déconnecter (et se retrouver)” avec Virginie Boutin (Dunod). Passionnée par les questions de mixité, elle est enfin l’auteure des livres "Le sport, dernier bastion du sexisme ?" et "A vos baskets toutes ! Tour de France du sport au féminin" (Michalon).

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