Quelles seront les tendances de la qualité de vie au travail en 2023 ? Telle est la question soulevée lors du webinaire Moodwork diffusé en décembre 2022. Si les salariés semblent de plus en plus soucieux (à cause de leur pouvoir d’achat, de l’écologie, etc.), ils se positionnent désormais autrement par rapport au travail. Leur intérêt personnel prime.
En 2023, tout change en matière de qualité de vie au travail ? Pas forcément, d’avis d’experts : l’année à venir sera le prolongement de 2022. C’est ce sur quoi ont débattu Alexandre Stourbe, directeur général du Lab RH, Aurélien Graton, maître de conférences en psychologie sociale, prévention et psychologie environnementale à l’université Savoie Mont Blanc et Nathan Marseault, rédacteur QVT chez Moodwork, lors du webinaire Moodwork « QVT : quelles tendances pour 2023 ? »
Premier enseignement ? Les crises se succèdent et touchent les collaborateurs qui portent cette inquiétude jusque dans leur vie professionnelle. C’est ainsi que la question de l’éco-anxiété prend de plus en plus de place, impactant particulièrement les 18-35 ans. « Il y a des symptômes (stress, tristesse) qui sont associés à la confrontation avec des informations liées aux changements climatiques, mentionne Aurélien Graton. Ces symptômes peuvent être assez invalidants avec notamment une difficulté à s’investir dans le travail. Ce sont des signaux d’alerte à porter à la connaissance des managers. » Et l’expert d’interroger : est-ce un phénomène que l’on sait prendre en charge ? Ou nécessite-t-il un traitement particulier ? Les prochains mois nous l’enseigneront. Mais en attendant, aux entreprises de soigner leur politique RSE. Beaucoup font des efforts en matière d’environnement mais plus que jamais la dimension sociétale est attendue. « La RSE est une autre tendance de fond, liée à la QVT, qui se poursuivra évidemment en 2023, notamment sur les sujets de diversité », estime Alexandre Stourbe. Si par ailleurs la quête de sens garde une place forte, l’expert ajoute toutefois que les intérêts financiers « purs » se distinguent peu à peu. « Ce sont des signaux contradictoires, dus à une anxiété liée à la crise », insiste-t-il.
Se soucier du pouvoir d’achat
En effet, autre crise, autres besoins : outre la santé mentale de leurs collaborateurs, les entreprises devront veiller à leur santé financière. Cette problématique a émergé en 2022, dans un contexte inflationniste. Forcément, les salariés s’interrogent sur leur pouvoir d’achat. Cette inquiétude risque de perdurer. « L’idée n’est pas d’augmenter tout le monde, mais de répondre à certaines problématiques financières que les collaborateurs peuvent rencontrer tout au long de leur carrière, pointe Alexandre Stourbe. Cela peut être via de l’acompte sur salaire, de la mise en place d’épargne ou en les aidant à mieux anticiper leur retraite. » D’autant plus qu’un certain nombre d’acteurs, start-up notamment, se positionnent sur l’un de ces créneaux (acompte, épargne ou retraite), proposant ainsi aux entreprises des outils pour mieux soutenir leurs salariés et permettre un minimum de sérénité sur le sujet.
In fine, ce qui s’observe de plus en plus, ce sont des besoins auxquels il faut répondre « à la carte ». Chacun exprime ses envies, ses attentes et il faut pouvoir y apporter une solution. « Il y a désormais un changement de paradigme : il n’y a plus besoin de faire ses preuves dans l’entreprise. Aujourd’hui, les salariés recherchent surtout un intérêt personnel », commente Alexandre Stourbe. Autrement dit, comment vais-je m’épanouir dans l’entreprise ? Quels sont les projets sur lesquels j’ai envie de travailler ? Telles sont les préoccupations que continueront à exprimer les salariés en 2023.
Le travail en perte de vitesse
Selon les experts, il est probable que l’année aille dans le sens d’un changement dans le rapport au travail. La fondation politique Jean Jaurès avait, dès les années 90, interrogé les Français sur la place du travail dans leur vie. A cette époque, à la question « Le travail est-il très important pour vous ? », la réponse était « oui » pour 60 % des actifs, qui plaçaient le travail comme deuxième centre de préoccupation dans leur vie. A cette même question, en 2021, le taux de réponses positives ne s’élève plus qu’à 24 %. Le travail est placé derrière la famille, les amis et relation et les loisirs. « Ce changement de rapport au travail et la crise sanitaire ont été de vrais accélérateurs sur la prise en compte d’intérêts plus personnels, confirme Alexandre Stourbe. Désormais, c’est le ‘je veux penser à moi’ qui prévaut. »
Cette transformation provient des aspirations nouvelles des salariés, pour lesquels le travail n’est donc plus aussi structurant. Et les entreprises doivent s’y adapter. Cette tendance s’accentuera, renforcée par les sujets déjà bien ancrés et liés à la transition écologique, à la quête de sens et l’équilibre vie pro/vie perso. Elle laisse entrevoir cette question, quasi philosophique : quelle sera la future valeur du travail ?
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