Une bonne partie de nos problèmes, notamment relationnels, que ce soit au travail ou à la maison viennent du fait que nous réagissons en fonction de notre « cerveau réactif », celui qui veut que nous obéissions à nos émotions et que nous suivions ce qu’il raconte automatiquement, même lorsque cela ne fonctionne pas…
Si je vous dis : « L’autre jour, en voiture, un sac plastique m’a fait sortir de la route ». Votre cerveau réactif se met automatiquement en marche et crée un scénario, des images sur cette base, et vous pouvez vous sentir satisfait.e d’avoir résolu le mystère. Si je vous demande maintenant de créer trois autres scénarii, votre cerveau réactif est probablement capable de faire cela aussi. Mais dans ce cas, avec maintenant quatre scénarii différents, quel mystère avez-vous résolu ? Aucun : vous n’avez en fait aucune idée de ce qui s’est passé.
Dans notre vie, c’est pareil : votre cerveau réactif vous trouve en permanence une histoire plausible, vous fait croire qu’elle est donc vraie et vous pousse à agir sur cette base. C’est comme cela que les conflits commencent. Les approches habituelles en psychologie cognitive nous apprennent à tester et remettre en question ces histoires. Sauf que, lorsque vous êtes en interaction avec vos collègues, vous n’avez pas le temps de faire cela. Heureusement, il existe une approche beaucoup plus simple pour neutraliser l’impact de votre cerveau réactif.
Le pouvoir d’une respiration
Et pour cela, je vais vous raconter une des expériences les plus utiles de mon parcours en psychologie. A un congrès, le conférencier demande aux participants de se mettre par deux, l’un jouant le thérapeute et l’autre le patient. Il fait venir les « patients » (sans que les « thérapeutes » entendent) et leur demande d’être le plus borné, agressif, détestable possible. Premier jeu de rôle de simulation de thérapie, qui tourne évidemment à la catastrophe. Le conférencier fait alors venir les « thérapeutes » (sans que les « patients » entendent) et leur demande de ne rien changer, à part une chose : prendre une respiration avant chaque prise de parole. Deuxième jeu de rôle, radicalement différent…
Une respiration, c’est tout ce qu’il vous faut pour ne pas laisser notre cerveau réactif prendre les commandes à votre place. Il continuera à raconter ses histoires et essayer de vous les faire gober, mais la fraction de seconde de respiration vous permet de créer un espace : un espace de choix. L’espace à partir duquel vous pouvez choisir la meilleure façon de dire ou faire, en fonction de la situation et de vos objectifs, au lieu de réagir à chaud à partir de votre cerveau réactif. Car, contrairement à votre cerveau réactif, cette autre partie de vous sait ce qui est le mieux pour vous…
Christophe Deval est directeur du développement des talents chez KPMG, psychologue clinicien, thérapeute spécialisé en thérapies comportementales et cognitives (TCC) et en thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT), co-auteur de Simplifiez vos relations avec les autres (Intereditions).
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