A 25 ans, Charlotte de Vilmorin a quitté son job en CDI pour fonder Wheeliz, une start-up de location de voitures adaptées entre particuliers. Alors qu’elle est, elle-même, en situation de handicap, le pari était osé. Elle n’a pourtant pas hésité et ne regrette pas, deux ans plus tard, son choix, malgré les difficultés.

« À l’époque, je travaillais dans une agence de pub, le boulot me plaisait vraiment, c’était intéressant au niveau intellectuel et vraiment amusant, mais il me manquait quelque chose. Je voulais une activité utile au gens.

Recherche de sens. J’ai fait un cursus classique, de bonnes études, mais vu que je suis en situation de handicap, j’ai rencontré beaucoup d’obstacles, notamment au niveau des déplacements. Même dans le monde très innovant des start-up (location de voitures entre particuliers, économie collaborative…), il n’y avait rien de prévu “pour les gens comme moi”.

J’ai eu le déclic alors que j’étais invitée au mariage d’une copine dans le Sud de la France. Tout sur le lieu du mariage était accessible, mais je n’ai pas trouvé de moyen de faire les derniers kilomètres, de la gare au mariage. Je suis pourtant persuadée qu’il y avait des personnes avec des véhicules adaptées à Marseille qui auraient pu me louer leur voiture pour le week-end… Mais ce jour-là, je n’ai pas pu y aller.

J’ai alors décidé de créer la solution : une start-up de location de véhicules adaptés aux personnes handicapées entre particuliers. En même pas deux mois j’ai trouvé mon associé, Rémi Janot, via mon blog (Wheelcome, où elle raconte depuis 2012 son quotidien de « jeune parisienne en fauteuil roulant »).

Wheeliz est ainsi né en mai 2015. On s’est fait aider par des incubateurs, des mentors, et d’autres entrepreneurs. Mes amis qui étaient passés par là m’ont aussi donné plein de conseils. Au niveau du financement, on a fait une campagne de crowdfunding pour récolter des fonds et voir si les gens étaient intéressés par l’idée. On a aussi participé à de nombreux concours, qui nous ont donné de la visibilité.

Résilience et combativité. Aujourd’hui, je fais vraiment ce dont je rêvais il y a deux ans : mon travail a désormais du sens. Les débuts ont été un peu difficiles. Mon banquier n’a pas voulu me faire de prêt professionnel. Des gens se sont permis des réflexions pour me dire que monter une boîte était déjà difficile, donc que vu ma situation, je ferais mieux de rester chez moi à écrire mon blog !

Mais le fait d’être handicapée m’a également aidée. J’ai toujours été confrontée à des obstacles : je suis habituée à trouver des plans B. Quand on crée une entreprise, les choses ne se passent jamais comme prévu, mais moi, ça ne me fait pas peur, car mon handicap m’a appris la persévérance et la résilience.

Le job parfait. Monter sa boîte, ça permet aussi de composer : on définit ses propres règles. Pour moi, c’est confortable, j’arrive à l’heure que j’arrive sans stresser d’être en retard ; et quand personne ne peux m’emmener au bureau -le métro ne m’est pas accessible-, je télétravaille. Pour ça, c’est le job parfait, même si, quand on est entrepreneur, on est mal, voire pas payé !

Wheeliz prend de l’ampleur : nous avons signé un partenariat avec la SCNF en décembre dernier (pour une solution de mobilité globale avec la location de véhicule adaptés via Wheeliz à la sortie du train, ndlr), et nous avons d’autres projets en cours. Nous sommes aussi en train de réaliser notre première levée de fond. C’est trop tôt pour en parler plus précisément, mais cela va vraiment dynamiser le site dans les prochains mois.

Confiance. Pour moi, le bien-être au travail, c’est vraiment faire confiance. Ce qui est important, ce ne sont pas les horaires de travail mais l’efficacité : ce qui m’intéresse, c’est que les gens fassent un travail dans lequel ils s’épanouissent. »

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Titulaire d’un master de journaliste au Celsa (Paris), Lucie Tanneau est journaliste indépendante, sillonnant la France, et plus particulièrement l’Est de la France au gré des thèmes de ses articles. Elle collabore à de nombreux titres, de Liaisons sociales magazine, La Vie, et Okapi, en passant par Grand Est, l’Est éclair, Village, et Foot d’Elles.

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