Un manager et un artiste, est-ce la même chose ? Oui, selon Denis Kaplan, dirigeant et auteur du livre Le management, une activité artistique (Gereso). Le manager doit suivre une méthode pour gagner en efficacité, mais il doit aussi savoir s’en affranchir. Son objectif ? Créer une harmonie qui embarquera toute l’équipe.
Management, activité artistique : quelles sont les passerelles entre les deux univers ?
Denis Kaplan : Quand un artiste monte sur scène, rien n’est jamais sûr. Malgré son talent, même s’il est confirmé dans sa discipline, même s’il est un virtuose ou un acteur de renommée… un spectacle peut mal se passer. C’est tout sauf mécanique. Tout dépend à chaque fois de sa capacité à se transcender, à prendre en compte un ensemble de paramètres et surtout, à s’adapter à la salle.
De même, il est utopique de penser que, parce que vous êtes un bon manager, vous arriverez à résoudre toutes les situations. Il faut à chaque fois une énergie folle et une remise en cause permanente : cela vaut avant chaque spectacle comme avant chaque entretien. C’est pourquoi on retrouve, chez l’artiste et chez le manager, ces mêmes préoccupations et ce même tract.
Chacun doit, à la fois, créer une sorte d’harmonie et se dire qu’il y a toujours une place laissée à l’imprévu ?
Oui, et il ne faut pas oublier qu’il est possible de faire erreur. Cela fait partie du métier, tout dépend ensuite de sa capacité à se « rattraper ».
Le management est-il accessible à tous ?
Dans la société française, une légende urbaine consiste à dire qu’il y a des managers nés. Alors que dans le monde anglo-saxon, on estime plus couramment qu’on ne nait pas le manager, on le devient. Cela signifie que tout le monde peut devenir manager, à condition a minima d’être conscient de ce en quoi consiste la fonction, d’être conscient qu’il faut beaucoup d’intelligence émotionnelle pour mettre tout cela en pratique. Et d’être conscient d’un minimum de méthode à déployer. Mais s’il y a un plaisir à exercer cette fonction, voire une passion, alors oui tout le monde peut devenir manager.
Il faut donc un minimum de théorie pour exercer sa pratique correctement…
Certains musiciens parviennent à jouer sans connaître le solfège : cela est évidemment possible quand ils ont la musique dans le sang. Mais dès qu’il faut travailler avec d’autres musiciens, si on ne connait pas les notes, si on n’a pas une méthode correcte, on ne peut rien partager. Sans un minimum de formalisation, cela devient compliqué. C’est pareil en tant que manager. En termes de méthode, il y a des fondamentaux à appliquer : pourquoi être manager (un pourquoi qui doit être aligné avec la mission de l’entreprise) ? Qui (dans une équipe, dans l’entreprise) ? Comment ? Cet ordre dans lequel on se pose ces questions est important : cela permet d’avoir une partition afin que tout le monde puisse jouer ensemble et que cela sonne bien. Et si un problème survient, on est alors capable de repérer là où ça n’a pas fonctionné.
Peut-on pour autant s’affranchir de ce cadre formel ?
Oui. Il y a évidemment des moments où toute la théorie s’arrête. D’autant plus que dans le feu de l’action, on fait tout l’inverse de ce qui est écrit. Le chemin, c’est fait pour s’écarter. Mais il faut pouvoir le garder en vue, pour savoir d’où on s’écarte et pourquoi. Peut-être qu’on n’a pas eu à cet instant le même courage ni la même énergie et on a choisi de faire différemment. Ce n’est pas grave : il est inutile de chercher la perfection.
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