La psychologie a longtemps considéré le perfectionnisme comme une forme de névrose. Aujourd’hui, les psychologues en ont distingué deux formes : l’une positive et saine, l’autre négative. Dans son livre L’apprentissage de l’imperfection, le professeur en psychologie positive Tal Ben-Shahar propose ainsi deux termes bien distincts pour caractériser ces deux notions : l’optimalisme et le perfectionnisme. Quelles sont les différences entre les deux ? Comment passer de l’un à l’autre ? Explications et conseils pratiques avec Nolwenn Anier, directrice du Pôle Recherche de la start-up Moodwork.
Comment définir le perfectionnisme vs l’optimalisme ?
Ce sont deux conceptions très différentes de la réalité. Le perfectionnisme, du point de vue de Tal Ben-Shahar, correspond à une recherche de la réussite mal adaptée et névrotique (c’est-à-dire qui s’accompagne d’une instabilité émotionnelle et d’une mauvaise perception de la réalité). L’optimalisme, au contraire, vient du terme « optimum », qui signifie « le plus favorable pour atteindre un but déterminé ». En d’autres termes, il s’agit d’un « perfectionnisme sain », qui consiste à atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés en faisant le meilleur usage possible du temps dont nous disposons.
Quelle est la différence fondamentale entre un perfectionniste et un optimaliste ?
Le premier rejette en bloc la réalité tandis que le second l’accepte totalement.
Ainsi, le perfectionniste refuse l’échec, toutes les émotions négatives et douloureuses qui en découlent. Pour lui, être heureux, cela veut dire toujours réussir et éprouver sans cesse des émotions positives. Il ne s’autorise jamais à être triste ou en colère, jamais à échouer. Cet état d’esprit conduit à une anxiété chronique, liée à l’angoisse de l’échec. De plus, le perfectionniste a des standards de réussite erronés et inatteignables. Aucune reconnaissance, aucune récompense ne sera jamais synonyme de réussite !
Au contraire, l’optimaliste va considérer les échecs et les émotions négatives comme faisant partie de la vie, au même titre que les expériences positives. Sans aller jusqu’à y prendre du plaisir, les optimalistes savent tirer profit de toutes les situations qu’ils vivent, et n’hésitent pas à se lancer dans de nouvelles expériences (au risque d’échouer). De même, l’optimaliste a une vision raisonnable de la réussite et sait l’identifier partout où elle se trouve (dans les félicitations de ses supérieurs, dans un mail de remerciement, dans un sourire de son conjoint, etc.).
Avant de passer à la suite, prenez le temps de réfléchir. Avez-vous déjà agi de façon perfectionniste ? De façon optimaliste ? Dans quelles circonstances ?
Comment cultiver votre optimalisme ?
1° Soyez bienveillants envers vous-mêmes
Essayez de porter un regard plus conciliant sur vous-mêmes. Autorisez-vous à être humain, avec tout ce que cela implique. Lorsque vous sentez poindre une émotion négative ou que vous essuyez un échec, n’essayer pas d’enfouir vos réactions naturelles : avouez-vous ce que vous ressentez et analysez objectivement la source de ces émotions.
En pratique. Si vous sentez que l’expression de ces émotions vous amène à vous juger négativement, pratiquez un petit exercice simple. Imaginez-vous en tête à tête avec votre meilleur ami. C’est lui, et non vous, qui a vécu la situation qui vous pose problème, et ressent les émotions négatives qui en découlent. Comment réagiriez-vous ? Que lui diriez-vous ? Sans doute chercheriez-vous à le rassurer sur le fait qu’échouer et ressentir une émotion négative est totalement normal, et n’enlève rien à sa valeur en tant que personne. Alors pourquoi vous juger différemment de votre meilleur ami ? Essayez d’appliquer à vous-même les conseils que vous pourriez lui prodiguer !
2° Restructurer vos schémas de pensées en vous inspirant de la thérapie cognitive
Souvent, le perfectionnisme est lié à de mauvais schémas de pensées qui amènent à avoir une perception déformée et négative de la réalité. C’est pourquoi les personnes perfectionnistes ont tendance à exagérer la portée de leurs échecs, et à minimiser celle de leurs réussites. Cette façon de penser peut avoir de nombreuses causes (personnalité, éducation, environnement social, etc.) mais c’est surtout un processus qui se renforce lui-même. Plus nous pensons de cette façon, plus cela devient automatique et plus il est difficile de penser autrement. La thérapie cognitive vise justement à prendre conscience de nos schémas de pensée pour pouvoir plus facilement les restructurer.
En pratique. Lorsque vous vivez un échec ou une situation qui provoque des émotions négatives, demandez-vous quelles pourraient être les conséquences positives de cette situation. Si besoin, notez trois conséquences positives que cette situation pourrait avoir. Cela vous a-t-il appris quelque chose ? Cela pourrait-il vous éviter des erreurs à l’avenir ? Essayez ensuite de prendre du recul par rapport aux événements. Comment y repenserez-vous dans un an ? Ne prenez-vous pas cette situation trop à cœur ?
En faisant ces petits exercices de pensée le plus souvent possible, vous modifierez petit à petit vos schémas de pensées et apprendrez à avoir un regard plus positif et réaliste sur les événements.
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