Dans un article récent publié dans la Harvard Business Review, Richard E. Clark (professeur en psychologie à la Southern California University) et Bror Saxberg (Vice-président des sciences de l’apprentissage à la Chan Zuckerberg Initiative) mettent en avant les 4 principaux « pièges de la motivation » : les émotions négatives, l’erreur d’attribution, le manque de sentiment d’auto-efficacité et les conflits de valeurs. Autant de raisons qui peuvent nous amener vers une diminution persistante de notre motivation. Comment s’en sortir ?
Nolwenn Anier, directrice du Pôle Recherche de la start-up Moodwork, vous propose une série de 4 articles dans lesquels un psychologue ou professionnel spécialiste de la qualité de vie au travail vous donnera des conseils pratiques pour venir de ces freins et ainsi (re)trouver de la motivation au travail. Cette dernière est généralement définie comme la volonté de faire le travail plutôt que de tergiverser, en persistant devant les distractions et en investissant suffisamment d’effort mental pour réussir. Elle est l’un des principaux objectifs transversaux inhérents au travail, pour les salariés comme pour les managers. Pour les salariés, elle permet d’être plus efficace et plus satisfait de soi, de son travail. Pour les managers, elle garantit le bien-être de ses collaborateurs et la réussite des projets. Cependant, parfois, la motivation peut faire défaut. Cela peut être passager, à causes de circonstances particulières dans la vie personnelle par exemple, ou devenir chronique. Dans ce cas, il est important de s’interroger sur les caractéristiques du travail qui peuvent être à la source de ce changement.
Les auto-critiques négatives – « C’est de ma faute si ça va mal »
De nombreux chercheurs en psychologie ont étudié le concept d’« erreur fondamentale d’attribution ». Il s’agit du fait que nous avons tendance à attribuer ce qui nous arrive ou les difficultés que nous rencontrons à des causes internes (notre caractère, nos compétences, nos émotions, etc.). Ce type d’explications est en effet très valorisé dans les sociétés libérales (telles que la nôtre). Cela signifie que les personnes qui ont tendance à mettre en avant le fait qu’elles sont responsables de ce qui leur arrive sont en général mieux perçues par leur entourage que celles qui disent que ce qui leur arrive ne dépend pas d’elle. En soi, rien de grave ! Cependant, ce biais nous amène à minimiser l’importance des causes externes, liées à la situation. Lorsque l’événement que l’on cherche à expliquer est négatif (un souci au travail par exemple), le fait d’en attribuer la cause à nous-mêmes peut avoir un effet néfaste sur notre motivation et sur la perception que nous avons de nos compétences.
Prenons un exemple concret. Imaginez : la campagne promotionnelle sur laquelle vous avez travaillé n’a malheureusement pas eu les résultats attendus et il se peut que l’entreprise pour qui vous travaillez perde de l’argent. Comment pourriez-vous expliquer cette situation ? Il y a de fortes chances que la première chose qui vous soit venue à l’esprit soit : « Je n’ai pas assez travaillé sur cette campagne » (ou autre phrase ayant la même signification). Autrement dit, une attribution interne. Cette pensée aura alors une influence négative sur notre sentiment de compétence. Alors qu’en prenant le temps d’y réfléchir, on se rend compte que des tas de raisons peuvent expliquer un tel échec, le manque de travail étant un exemple parmi d’autres. Pourquoi y avoir pensé tout de suite ? Justement à cause de l’erreur d’attribution.
Le point de vue de Marie Le Prince, psychologue du travail chez Moodwork
Afin de contrer ce biais, il est tout d’abord essentiel d’en prendre conscience. Pour cela, lorsque vous faites face à une difficulté, prenez un petit peu de temps pour analyser objectivement les raisons de cette difficulté. N’occultez pas les causes qui vous sont liées, mais ne négligez pas non plus ce que les causes inhérentes à la situation. Par exemple, imaginez que vous vous êtes mis en colère au travail : certes une part de cette situation vous revient (vous avez peut-être du mal à gérer vos émotions) mais cette colère provient également des caractéristiques de la situation. Un collègue vous a manqué de respect ? Vous avez le sentiment que votre travail n’est pas reconnu ? Votre supérieur ne communique pas assez sur vos objectifs ?
À la suite de cette analyse, essayez de vous focaliser sur les causes « contrôlables » de la situation. Comment pouvez-vous agir pour faire en sorte de ne plus rencontrer cette difficulté ? Cela peut passer par une meilleure communication de vos besoins, le dialogue avec vos pairs, le travail de votre gestion des émotions, etc.
Pour ne rater aucune actualité en matière de qualité de vie au travail, inscrivez-vous à la newsletter de My Happy Job, parcourez nos hors-séries thématiques et découvrez notre annuaire du bien-être au travail.
A lire aussi :
– Les pièges de la motivation #1 : que faire de nos émotions « négatives » ?
– Les pièges de la motivation #2 : le manque de sentiment d’auto-efficacité
– Les pièges de la motivation #3 : le conflit de valeurs