Saverio Tomasella tient à le dire d’entrée de jeu : il y a autant d’hommes que de femmes qui sont hyperempathiques. Ces personnes sont plus sensibles aux bruits, aux odeurs mais surtout, elles font preuve d’une profonde sensibilité envers les autres. Dans son dernier livre, Le Guide de survie des hypersensibles empathiques co-écrit avec Judith Orloff, aux éditions Leduc.s, il consacre un chapitre entier au monde du travail. Alors l’hyperempathie, qu’est-ce que c’est ? Abordons ensemble définition, symptômes et traitements.
Qu’est-ce que l’hyperempathie ?
Définition de l’hyperempathie
L’hyperempathie se caractérise par un sens aigu de l’empathie. L’empathie, c’est ce qui nous permet de ressentir les sensations d’un autre : sa tristesse, ses difficultés, ses peines, mais aussi ses joies et ses bonheurs. Chez la plupart des personnes, ce sens est filtré : on ne ressent pas, pleinement, les émotions des autres. Chez les hyperempathiques, ces filtres sont absents, ou diminués : elles ressentent donc pleinement les émotions des gens autour. Elles sont donc très sensibles aux manifestations d’humeur.
L’hyperempathie, c’est donc le fait de ressentir, sans filtre, les émotions des gens qui sont autour. Ce trouble peut parfois être très handicapant, car la charge émotionnelle devient très forte pour les gens qui en sont atteints.
Attention à ne pas confondre empathie et hyperempathie
Attention, donc, à ne pas confondre l’empathie, qui est présente chez la plupart des gens et qui permet de “se mettre à la place de”, de mieux appréhender le ressenti et le vécu de chacun, et l’hyperempathie, qui est une empathie exacerbée au point qu’elle peut causer des dommages à la personne hyperempathique.
Quelle différence entre une personne hyperempathique et une personne hypersensible empathique ?
“Les deux notions sont très proches, la grande différence c’est l’impact qu’ont les émotions des autres sur l’équilibre de la personne, nous dit Saverio Tomasella. L’hypersensibilité est le fait d’être sensible de façon très intense aux impressions, émotions, sentiments, intuitions. Pour certaines personnes, cela va se traduire au niveau sensoriel : les lumières, les bruits, les odeurs vont les déranger, les étiquettes vont les gratter. Pour d’autres, ce sera plus au niveau émotionnel, avec des émotions très fortes. D’autres encore vont avoir beaucoup d’idées, des pensées ininterrompues. Mais on peut être hypersensible sans être empathique. Alors que l’hyperempathique est forcément hypersensible. Il a donc, en plus, une très forte empathie ce qui le rend très sensible à ses émotions mais aussi à celles des autres, à leurs souffrances…”.
Les symptômes de l’hyperempathie : quels en sont les signes ?
L’hyperempathie se caractérise aussi par ses symptômes. Les personnes hyperempathiques ressentent souvent un besoin de solitude, pour s’éloigner de ce trop plein d’émotions créé par la présence d’autres personnes. Elles aspirent souvent au calme et peuvent présenter des sensibilités fortes aux sons, aux odeurs, à la lumière…
Comment devient-on hyperempathique ?
L’empathie est une capacité naturelle chez l’être humain, mais elle se développe tout au long de sa vie. L’enfance et l’éducation, en particulier, jouent un grand rôle.
Les différents types d’hyperempathie
Judith Orloff, psychiatre américaine, a beaucoup travaillé sur l’hyperempathie et a publié de nombreux ouvrages sur le sujet. Elle distingue notamment trois types d’hyperempathie : l’hyperempathie kinesthésique, qui consiste à ressentir les sensations physiques des autres comme la douleur ; l’hyperempathie émotionnelle, pour les personnes hypersensibles aux émotions des autres ; et l’hyperempathie intuitive, pour tout ce qui a trait aux expériences qui sortent de l’ordinaire.
Comment savoir si on est hyperempathique ?
Judith Orloff a développé un test dans son Guide de Survie à l’Hyperempathie. Répondre positivement à au moins trois de ces questions peut indiquer une empathie exacerbée. Seul un psychologue, cependant, pourra confirmer ou infirmer ces intuitions.
- Vous a-t-on déjà dit que vous étiez trop émotionnel ou sensible ?
- Si l’un de vos amis souffre, le ressentez-vous ?
- Ressentez-vous facilement ou souvent des émotions négatives ?
- Les foules vous épuisent-elles ? Avez-vous souvent besoin d’être seul(e) ?
- Les bruits, les odeurs, les lumières ou les conversations trop longues vous importunent-elles souvent ?
- Vous arrivent-ils de manger pour compenser un stress émotionnel ?
- Avez-vous peur de la proximité relationnelle ?
Traitement pour l’hyperempathie : quelles solutions existent ?
L’hyperempathie ne se traite pas. En revanche, des exercices ont été développés pour aider les personnes hyperempathiques à mieux s’épanouir et vivre leur singularité. Dans un article de Psychology Today, Marcia Reynolds explique comment mieux gérer ses réactions émotionnelles. Des conseils utiles pour les hyperempathiques, mais pas que !
Première étape : se relaxer. Plus facile à dire qu’à faire, bien sûr, mais des exercices de respiration vous aideront à relâcher les tensions dans votre corps.
Deuxième étape : alléger son esprit et chasser les pensées intrusives. Découvrez nos conseils pour faire taire la petite voix négative dans votre tête.
Troisième étape : se recentrer. Littéralement : concentrez-vous sur la zone juste en-dessous du nombril, pour vous aider à mieux respirer.
Quatrième étape : se concentrer. Choisissez une ou deux émotions que vous souhaitez ressentir et concentrez-vous dessus.
Vous pouvez aussi découvrir comment mieux comprendre et analyser ses émotions.
Les hyperempathiques et le monde professionnel
Pourquoi les personnes hyperempathiques préfèrent-elles les emplois indépendants et les petites entreprises ?
“Parce qu’une personne très sensible et empathique va rapidement être saturée par les informations qu’elle reçoit au fur et à mesure de la journée, explique Saverio Tomasella.. Ce sont des personnes qui traitent chaque chose en profondeur. Au lieu de se dire « aujourd’hui il pleut, je préférerais qu’il fasse beau », elles se disent : « aujourd’hui il pleut, donc je vais mettre telle paire de chaussures, prendre tel trajet, éviter la voiture parce qu’il va y avoir du monde… » Je prends cet exemple anodin mais pour la moindre chose, elles auront un traitement très approfondi des informations. Au bout d’un moment, contrairement aux personnes dans la moyenne, elles vont saturer à cause de cet effort intellectuel et sensible très important.”
Faut-il signaler son hyperempathie à son patron ou à ses collègues ?
Selon Saverio Tomasella, “c’est un grand débat ! Ceux qui pensent que oui, j’ai fait partie de ceux-là pendant très longtemps, disent qu’il ne faut pas « mentir » sur soi. Dire que l’on est hyperempathique, expliquer ce que c’est pour que les autres fassent attention. Ce peut être vrai dans une relation amoureuse, avec un frère, une sœur ou ses meilleurs amis. Mais au travail, c’est un pari. Parfois, certains patrons vont bien comprendre quand d’autres, malgré de nombreuses explications, ne veulent rien entendre. Ces personnes n’imaginent pas que l’on peut être différent des autres. Dans ce cas, leur parler de notre hyperempathie va être pire que mieux. Il vaut mieux prendre le temps de jauger ses collègues, pour savoir à qui je peux le dire ou pas.”
Pourquoi employer quelqu’un d’hyperempatique ?
“Ils ont le sens du détail, sont observateurs et attentifs, à l’écoute des autres et créatifs, estime Saverio Tomasella.. Si vous, employeurs, prenez des hyperempathiques dans votre équipe, prévoyez des aménagements pour leur travail qui correspondent à leur sensibilité, à leurs horaires, mais aussi à leur besoin de solitude, de faire des pauses… Encouragez-les et trouvez la bonne façon de les aider à déployer au maximum leurs qualités.”
L’hyperempathie peut donc être une vraie force dans une équipe comme pour l’employeur, à condition de travailler dans des conditions qui permettent de révéler leur plein potentiel.
L’hypermepathie expliquée en vidéo
Dans ce “Talk at Google”, Judith Orloff nous explique comment les hyperempathiques peuvent mieux s’armer. Elle décrit avec précision leur perception du monde, les troubles qu’ils connaissent, mais donnent aussi des clés pour améliorer leur condition. Une vidéo très intéressante (en anglais, sous-titres français disponibles).
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C’est tellement vrai, bel article. Merci