Et si vous développiez vos soft skills en pleine nature à l’aide d’un cheval ? C’est ce que propose l’équicoaching. Une méthode qui ne demande pas forcément d’être à l’aise avec les chevaux…
Debout, à côté d’un cheval, une assistante et son directeur général participent à une séance d’équicoaching. Le coach leur demande de diriger le cheval, sans le toucher, vers un point précis. L’assistante parvient à faire exactement ce qu’elle veut à l’animal. Le DG, lui, essaye de contraindre le cheval sans succès. Ce récit de la séance, c’est leur équicoach, Géraldine Brigot, ancienne assistante sociale devenue coach qui le raconte. Avec l’éthologue David Lagnieux, elle propose des séances « leadership et QVT » à l’aide des chevaux.
« L’intérêt de travailler avec les chevaux » explique-t-elle, « c’est que le cheval a développé des sens hyper aiguisés, qui lui permettent d’analyser et d’avoir des signes face à ce qu’il se passe autour de lui. Le cheval peut ressentir l’accélération du rythme cardiaque d’une personne à plusieurs mètres, l’agitation, la congruence, la peur… » Autant d’états que l’on peut réussir à cacher à un coach, mais pas a son cheval.
Les séances se déroulent toujours de la même manière : l’équicoach propose des exercices à faire à pied à côté du cheval. Les participants font l’exercice, souvent par binômes : pendant que l’un agit avec le cheval, l’autre observe les réactions du cheval. A la fin de l’exercice, la coach débriefe. Ce n’est pas elle qui analyse ce qui vient de se passer, mais par ses questions, elle amène les participants à réaliser ou conscientiser certaines choses.
Une prise de conscience et des déclics
Myriam Otayek, organisatrice de mariages dans la région bordelaise, a participé à des séances d’équicoaching. « J’ai fait appel à une coach car j’avais des problématiques professionnelles, notamment un relationnel compliqué avec mes clients : j’avais du mal à dire non à leurs demandes » raconte-elle. Après quatre ou cinq séances de coaching « classiques », sa coach, Fanny Barutel, lui propose de travailler avec un cheval. « Je n’avais jamais approché un cheval » raconte la jeune femme, qui accepte cet « univers nouveau », pour « se laisser porter » et « tenter une nouvelle approche ».
Elle raconte l’exercice qui lui a permis un déclic. « Je devais me placer face à ce grand cheval pour le faire changer de direction, reculer, s’arrêter… mais je me suis comportée comme avec mes clients : quand le cheval avançait, je reculais », s’aperçoit-elle. « Quand on le fait avec un cheval, c’est vraiment notre corps qui parle. La manière dont on tient une posture, et avec quelles intentions, agit sur la relation. Avec le cheval, je me suis rendue compte que j’aurais dû tenir ma position, sans être dans le rapport de force mais juste tenir la posture que je trouvais juste », poursuit-elle.
« C’est tellement concret, je crois que cette séance de 2h m’a été plus utile que 5 séances de coaching classique », apprécie celle qui a ensuite participé à une seconde séance d’équicoaching pour des problématiques de motivation. « Ces séances sont hyper agréables car on est en pleine nature, dans un cadre différent, ça permet de se relâcher par rapport au boulot… Mais c’est aussi un peu éprouvant de parler de ses émotions : on y réfléchit ensuite toute la journée », avoue-t-elle.
Le cheval, un miroir de l’humain pour travailler les soft skills
« Hyperpuissant » reprend quant à elle Fanny Barutel, devenue équicoach après avoir elle même participé à des séances de l’autre côté suite à une carrière de dix ans dans les ressources humaines. Elle propose aujourd’hui des séances collectives, pour des équipes d’une même entreprise ou individuelles. Pour elle, ce coaching particulier permet de travailler sur toutes les compétences comportementales car le cheval « vient chercher votre posture spontanée, votre communication, votre tenue, votre position ». « Sur la gestion émotionnelle, l’intelligence collective, le leadership et la gestion du stress, l’équicoaching fonctionne très bien », résume-t-elle. Installée à Bordeaux mais intervenant pour les séances collectives surtout en région parisienne, Fanny Barutel observe les comportements du cheval, qui agit comme un miroir de l’humain.
« Si le cheval se raidit au milieu d’un exercice, on interroge le participant sur son ressenti. Il nous dit ou non ce qui lui passe par la tête, mais ça peut l’amener à réaliser des fonctionnements », encourage-t-elle avant de raconter l’expérience d’une cliente qui devait faire avancer un cheval jusqu’à un point éloigné. « Le cheval avançait très bien, quand au milieu du parcours, il s’est arrêté et s’est retourné ». La participante reconnaît pendant le débriefing qu’elle avait pensé que c’était gagné et s’était déconcentré. Une mise en lumière de sa façon de fonctionner en entreprise, qui l’empêchait d’aller au bout de ses projets. « Ce n’est pas de la magie », conclue Géraldine Brigot, « c’est vraiment que le cheval identifie ce que l’on met comme énergie ».
Envie d’aller plus loin ? Le Syndicat des Professionnels de l’Accompagnement Assisté par le Cheval ( Synpaac) rassemblent les professionnelles de l’équicoaching. Ils sont aujourd’hui une cinquantaine à proposer des séances en France.
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