Oui les postes de leaders sont aussi accessibles aux femmes. Ce qui les freine encore ? Des préjugés et des barrières… qu’elles se mettent elles-mêmes. Paralysées par leurs peurs et pensant devoir tirer un trait sur leur vie personnelle, elles n’osent pas. Pourtant, réussir, c’est aussi accepter de douter. Explications avec Sandrine Godefroy-Evangelista, coach et auteure de La Nouvelle élite.
Selon vous, qu’est-ce qu’un leader en entreprise ?
Sandrine Godefroy-Evangelista : C’est quelqu’un qui mène et qui dirige des équipes et des projets hiérarchiques ou transverses. Toute personne qui doit encadrer une équipe peut potentiellement être leader, soit créer et remporter l’adhésion des équipes selon leur propre vision. J’insiste sur le mot « potentiel », car c’est avant tout un état d’esprit. Tout le monde ne l’a pas.
… et notamment les femmes ?
Le sujet, c’est que l’on manque de rôles modèles féminins de dirigeantes, de managers ou d’entrepreneurs. Or, pour que les femmes y aillent, il faut qu’elles aient envie d’endosser ce rôle de leader. Beaucoup ne veulent pas essayer parce qu’elles imaginent encore que cela ne peut se faire qu’au sacrifice de leur vie personnelle. Or, elles doivent dépasser leurs peurs et la représentation selon laquelle elles ne peuvent pas mener de front leur ambition professionnelle et en même temps réussir leur vie personnelle. C’est comme si elles avaient ingéré l’idée qu’il fallait choisir et qu’elles ne pouvaient pas tout avoir.
Soit des idées reçues qui complexifient la situation…
Cela a été une réalité pendant longtemps dans les entreprises car elles imposaient, à certains niveaux de postes et de responsabilités, des choses qui étaient complexes à vivre en même temps que sa vie personnelle. Heureusement, cela est de moins en moins vrai ! En parallèle, les femmes doivent aussi se rappeler qu’un métier ne définit pas son identité : si une femme se sent attaquée, elle se sent attaquée en tant que personne. Alors que c’est son rôle (dans l’entreprise) qui est pointé du doigt, pas qui elle est vraiment.
Dans votre ouvrage La Nouvelle élite (BB 4Books), vous énumérez un certain nombre de peurs, de syndromes : est-ce que ce sont aussi des excuses pour ne pas s’affirmer davantage ?
En effet, je parle du syndrome de l’imposteur, mais aussi du syndrome du grand coquelicot, celui de la bonne élève, du complexe de Cendrillon… Ils sont intéressants à comprendre car on les ressent tellement naturellement quand on est femme ! Cela ne signifie pas que les hommes ne les vivent pas, mais cela ne les empêche pas de passer à l’action. Les femmes sont rarement tendres envers elles-mêmes, et ce souvent de manière inconsciente.
Comment améliorer cette vision ?
D’abord, l’entreprise a un vrai rôle à jouer, notamment à travers sa démarche de marque employeur. Aujourd’hui, les programmes internes sur le leadership au féminin se développent de plus en plus, notamment dans les grandes entreprises qui, pour respecter l’obligation des quotas, se sont rendu compte qu’elles devaient aller chercher des femmes. Ces dernières n’osant pas postuler aux postes à responsabilité.
Personnellement, je me dis que c’est dommage de devoir mettre des quotas, mais il faut reconnaitre que là où ils sont présents, cela a engendré des initiatives et des changements.
Et comment faire en sorte que les femmes agissent d’elles-mêmes ?
Il faut en effet aussi aborder la responsabilité personnelle des femmes : soit oser se lancer, réfléchir à quels sont leurs choix. Certes, elles ont une perception de leurs peurs et idées, mais ce n’est pas la réalité. De plus, elles doivent se questionner : est-ce que j’ai envie d’être leader ou pas ? Cela devrait être un point de départ car, après tout, certaines femmes n’ont tout simplement pas envie de manager ou de diriger. Mais il faut que cela corresponde à ce qu’elles veulent, pas parce qu’elles pensent que cela les obligera à sacrifier des choses !
Quand on est une femme il y a toujours cette inquiétude par rapport à la vie privée, on en vient souvent à se reprocher de ne pas voir grandir ses enfants, de ne pas être assez disponible pour ses proches, de ne pas prendre soin de la famille, etc. Il y a toujours, en sous-jacent, comme un choix qu’il faudrait faire entre soi (sa réussite professionnelle, son épanouissement, etc.) et le fait de prendre soin des autres. Il faut aussi accepter que le doute fait partie du jeu. Et c’est en sortant de sa zone de confort que l’on nourrit sa confiance en soi.
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