La vie au boulot, en dehors de nos frontières, comme partout, ça a du bon et du moins bon. A l’occasion du forum Expat, qui se déroule les 12 et 13 juin, des expatriées nous ont raconté ce qu’elles aiment, ou pas, dans leur nouveau pays et ce qu’elles aimeraient ramener dans les entreprises en France. Témoignages.

Mélanie, installée en Angleterre, à Londres, depuis octobre 2017, motion designer.

Pourquoi être partie travailler à l’étranger ?
J’ai choisi de partir en sortant de mon école à Toulouse car le métier de motion designer est encore jeune et il y a peu de studios en France. C’était soit Paris, soit l’étranger. J’ai préféré découvrir autre chose, ailleurs. A Londres, il y a énormément d’opportunités, et c’est facile d’y aller… C’est aussi beaucoup plus simple de s’y lancer en free-lance : après une semaine sur place, j’avais déjà mon statut et les boîtes sont habituées à faire appel aux free-lances.

Comment s’est passé votre arrivée en entreprise ?
J’ai commencé avec un contrat de deux mois dans une boîte de production… hyper stressant ! Mon niveau d’anglais n’était pas bon du tout, je le savais et c’était un challenge, mais c’était vraiment angoissant. Les Anglais ont l’habitude de travailler avec des étrangers et sont très indulgents, ils prennent le temps et reformulent, mais ça n’a pas été simple. J’ai évolué très vite, j’apprécie le fait qu’ils soient vraiment polis et en même temps exigeants. Après au niveau administratif, c’est facile !

Quelles différences remarquez-vous dans le travail ?
La grosse différence pour moi c’est qu’on est embauché pour nos compétences et pas pour le diplôme. En entretien, ils regardent les travaux qu’on a fait, le porto-folio et pas de quelle école on sort. Ils sont attentifs à l’énergie de la personne, à ce qu’on peut leur apporter.

Un point positif ?
Les rapports sont vraiment basés sur la confiance : c’est donnant-donnant. Si tu bosses bien, tu es récompensé, ils n’ont pas peur de faire des compliments, d’organiser une soirée à la fin du mois pour féliciter les équipes, etc.

Et négatif ?
J’en vois peu… à part l’anglais peut-être, parce que c’est cool de travailler dans sa langue natale, et le fait qu’ils peuvent te licencier à leur guise. En Angleterre, il n’y a aucune sécurité de l’emploi, pas de chômage… et il ne faut pas avoir peur de faire des heures supp’ non payées ! Malgré le fait qu’ils attendent que tu te donnes corps et âme à ton travail, je préfère la mentalité ici : quand ils sont au travail, ils se donnent à fond, mais quand ils en sortent, ils coupent vraiment.

La bonne idée à piquer à l’Angleterre en matière de qualité de vie au travail ?
Le happy friday, ou beer o’clock. En arrivant le vendredi, tout le monde te souhaite un bon vendredi, ça te met dans de bonnes conditions. Et à 17h, si tu n’es pas surchargé de boulot, c’est bière ! Dans les grosses boîtes, il y a même des serveurs ! Cela met une ambiance géniale, ça change la perspective du travail et le rend plus agréable. Cette ambiance bon enfant se retrouve aussi le reste de la semaine. Je trouve que la pression et la hiérarchie sont beaucoup moins lourdes à supporter qu’en France.

Ce qu’il vous manque de la France (dans le travail)?
Travailler en français, et c’est tout ! Venir ici ne m’a apporté que du bon. J’ai pris confiance en moi, dans mon métier et beaucoup plus évolué que si j’étais en France j’en suis sûre, car ils sont exigeants et il faut se dépasser tout le temps.

Pauline Curtet, installée à Munich (Bavière) en Allemagne, il y a un peu plus de quatre ans. Elle est journaliste, fixeuse pour des médias français et européen et traductrice pour des sociétés basées dans sa ville.

Pourquoi être partie travailler à l’étranger ?
Pour des raisons personnelles d’abord : mon mari est étranger (finlandais) et nous avons décidé de nous établir dans un autre pays que le nôtre, en Europe. L’idée de vivre et travailler à l’étranger nous plaisait aussi car cela ajoute un petit quelque chose au quotidien et à notre routine. Devoir régler ses problèmes de plomberie ou d’impôts dans une langue autre que la sienne est toujours un défi !

Comment s’est passé votre arrivée dans le monde du travail ?
Je suis travailleuse indépendante, je collabore avec des entreprises allemandes mais aussi françaises, norvégiennes… À Munich, j’ai un bureau dans une entreprise, où je me rends plusieurs fois par semaine. Je n’ai pas senti de grosse différence par rapport à une entreprise française. On m’a bien accueillie, j’ai fait connaissance avec mes collègues et certains sont maintenant des amis.

Quelles différences remarquez-vous dans le travail ? Un bon point et un mauvais point ?
Un bon point : la flexibilité au niveau des horaires (si j’ai terminé mon travail, je peux partir, je n’ai pas d’horaires de présence à justifier). Un mauvais point : une certaine difficulté pour les femmes à se faire une place dans l’entreprise et à être prises au sérieux, surtout si elles ont des enfants.

La bonne idée à piquer à l’Allemagne en matière de qualité de vie au travail ?
Les congés maternité et paternité qui sont plus longs, mieux indemnisés et mieux repartis entre le père et la mère.

Ce qu’il vous manque de la France (dans le travail)?
La longue pause-déjeuner avec repas à 10 euros dans une brasserie. Ici c’est repas devant l’ordinateur !

Claire Coiffard, assistante vétérinaire, installée depuis août 2016 à Montréal, au Canada.

Pourquoi être partie travailler à l’étranger ?
Je suis partie pour rejoindre mon copain de l’époque, qui travaillait au Canada. J’ai demandé un permis vacances-travail de manière à pouvoir travailler sans être liée à un seul employeur.

Comment s’est passé votre arrivée en entreprise ?
J’ai travaillé brièvement dans un restaurant avant de trouver un travail dans ma branche, comme assistante vétérinaire, en novembre 2016. Ce n’était pas si évident car mon diplôme français n’est pas reconnu ici, mais mon arrivée s’est très bien passé car les patrons de la clinique vétérinaire où je travaille sont français aussi donc ils savent à quelles connaissances et compétences mon diplôme correspond. Et les gens sont très ouverts. En France, je serais restée assistante. Ici, je vais passer une validation des acquis et de l’expérience, et je pourrais ensuite évoluer en tant que technicienne.

Quelles différences remarquez-vous dans le travail ?
La grosse différence, c’est la reconnaissance que les vétérinaires ont envers nous. En France, ils se sentent supérieurs et nous font faire tout ce qu’ils ne veulent pas faire. Ici, je me sens valorisée, les vétérinaires savent qu’ils ont besoin de nous pour que la clinique tourne.

Un point positif ?
Ils sont très ouverts et aussi très compréhensifs, si tu as un rendez-vous, ou même un coup de mou, tu peux l’expliquer et ne pas venir.

Et négatif ?
Il n’y a pas de contrat papier… S’ils ont envie de te licencier, tu as un préavis de deux semaines et tchao ! Cela marche dans les deux sens, mais c’est quand même très court. Je n’ai aussi que deux semaines de congés payés par an (pendant les cinq premières années), donc je prends du sans solde pour me reposer ou rentrer voir ma famille.

La bonne idée à piquer au Canada en matière de qualité de vie au travail ?
Leur ambiance de travail : zen et dans la bonne humeur. Je suis devenue amie avec mes collègues, même la patronne est proche des collaborateurs et nous travaillons tous dans une bonne ambiance. Nous sommes près de 50 employés dans la clinique (et le groupe a trois autres hôpitaux vétérinaires), mais l’ambiance reste vraiment familiale.

Ce qu’il vous manque de la France (dans le travail) ?
Dans le travail… rien ! C’est en partie pour cela que je reste depuis ma rupture, car ma qualité de vie au travail est vraiment bonne. Si je rentre, je ne suis pas sûre de retrouver une place, car il y en a peu, alors qu’au Canada, je vais, en plus, pouvoir évoluer dans mon métier.

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Titulaire d’un master de journaliste au Celsa (Paris), Lucie Tanneau est journaliste indépendante, sillonnant la France, et plus particulièrement l’Est de la France au gré des thèmes de ses articles. Elle collabore à de nombreux titres, de Liaisons sociales magazine, La Vie, et Okapi, en passant par Grand Est, l’Est éclair, Village, et Foot d’Elles.

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