Une fausse idée existe quant à la reconversion : on croit souvent que Paul, ancien comptable est devenu brasseur du jour au lendemain et que cela a été simple, ou que Nathalie, ex-juriste devenue chef de projet éco-responsable s’est reconvertie en un mois. Erreur !
La reconversion professionnelle est trop souvent perçu comme un changement de vie radical et soudain. Il fait l’objet d’admiration, voire de sacralisation. « Mais comment fait-il pour tout changer ? », « Quelle audace, quel courage, je ne pourrai jamais faire ça moi », « La reconversion, c’est pour les autres… ». Comme tout changement, le changement professionnel fait bien entendu peur. Modifier ses habitudes existantes, changer sa façon de vivre, ses repaires et potentiellement ses revenus, est aussi excitant qu’anxiogène.
Mais, en pratique, les reconversions ne se font que très rarement du jour au lendemain. Elles nécessitent de la maturation, de la préparation, des pas en avant, des pas en arrière, et donc du temps :
– le temps de faire le constat que l’on a envie de changer quelque chose, que quelque chose cloche dans sa situation professionnelle du moment (insatisfaction, lassitude, ennui, absence de valorisation, investissement trop important, etc) ;
– le temps d’accepter que l’on a envie de changer les choses ! ;
– le temps de trier ses idées si l’on en possède d’ores et déjà plusieurs ou d’en trouver si l’on en est totalement dépourvu ;
– le temps de se faire accompagner pour y voir plus clair ;
– le temps de faire le point sur ses envies, ses besoins, ses talents, ses valeurs, ses compétences, ses incompétences ou points d’amélioration ;
– le temps de sélectionner ou de confirmer quelques idées de métier ;
– le temps de les étudier, voire de les tester (via une société spécialisée ou son réseau de connaissances) ;
– le temps de réaliser son plan d’action (aussi bien sur le plan financier que sur le plan de la formation) en décomposant son objectif final en plusieurs étapes…
– le temps d’expliquer son projet à son entourage et de le rassurer (et sous cet angle, plus vous serez clair avec vous-même, plus vous le serez avec vos proches concernés) ;
– le temps de monter votre projet s’il s’agit d’une reconversion entrepreneuriale ;
– le temps de vous positionner dans un nouveau secteur et d’expliquer votre changement de cap aux chasseurs de têtes et/ou futurs employeurs.
Il est donc nécessaire d’avoir cette vision globale de la reconversion professionnelle pour la désacraliser et se la rendre accessible. Oui, c’est un grand frisson, mais c’est surtout une grande préparation !
Ex-chasseuse de tête, enseignante-chercheur en droit des affaires, Marina Bourgeois est la dirigeante d’Oser Rêver Sa Carrière, cabinet spécialisé en transition de carrière et épuisement professionnel. Elle est aussi l’auteure de Burn-out. Le (me) comprendre & en sortir, 2018.
Elle a également fondé les Samedis du Burn-Out, un événement mensuel dédié à l’échange et à la construction d’outils de sensibilisation à la souffrance au travail.
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