Je suis speed, j’ai la tête dans le guidon, je suis charrette ou encore sous l’eau… Les expressions ne manquent pas pour faire savoir aux autres que là, vraiment, on est dé-bor-dé ! Pour ce 8ème “Happy Team“, Noémie Martin Pascal, co-fondatrice de la start-up Bloomr, vous donne des pistes de réflexion et d’action pour ralentir.
67% des salariés déclarent devoir travailler très vite ou très intensément, 42% estiment que leur rythme de travail s’est accéléré et 46% pensent ne pas pouvoir travailler au même rythme dans 10 ans (1). Ponctuellement, les moments de rush peuvent avoir quelque chose de grisant. Dans certaines entreprises, cette agitation est même source d’une certaine fierté. La nocturne, le coup de bourre avant le bouclage, font partie de la culture interne, et servent, d’une certaine manière, de ciment aux équipes.
Le problème ? Cette frénésie est devenue le mode par défaut dans beaucoup d’environnements de travail avec une banalisation, voire une valorisation du stress, du surmenage et des heures sup’. Chaque jour, le bal des urgences, des sollicitations, des deadlines trop courtes et des projets trop nombreux reprend. Le mythe de Sisyphe version moderne.
Une pression qui se paye au prix fort
D’abord, sur la qualité du travail, puisque quand on fait tout en quatrième vitesse, la créativité, la concentration et donc la qualité en prennent un coup.
Mais surtout, sur notre bien-être en général. Plus on se dépêche, plus le niveau de stress grimpe. Chaque fois qu’on se met à courir partout, on envoie un signal au cerveau qui lui dit “attention, danger, il faut se presser”, ce qui fait monter le niveau d’adrénaline. Le risque étant bien sûr de finir en burn-out.
Bien plus qu’une question d’organisation personnelle, cette frénésie est le signe de dysfonctionnements systémiques : manque d’effectif, de priorités claires, objectifs trop ambitieux, mauvaise organisation collective, multiplication des canaux de communication en temps réel, superposition des projets, logiques managériales…
Néanmoins, “Workoholism is a contagious disease”, écrivent les fondateurs de Basecamp dans leur livre It doesn’t have to be crazy at work qui fustige les rythmes de travail effrénés et proposent une collection de bonnes pratiques collectives pour y résister.
En attendant que les entreprises adoptent massivement un mode de travail plus “lent” (tendance du “slow work” dans les pays anglo-saxons), chacun peut donc commencer par prendre conscience de sa propre cadence.
Cela peut sembler contre-intuitif mais un des meilleurs remèdes pour apaiser le stress, c’est de… ralentir. Reprendre la main sur son rythme. On gagne en sérénité ET en efficacité.
On a déjà évoqué dans de précédents Happy team plusieurs bonnes pratiques qui contribuent à ralentir le rythme de travail : cesser de glorifier le présentéisme, respecter la concentration des autres, apprendre à dire non…
A titre personnel, il s’agit aussi de :
- Diagnostiquer son propre rapport au temps et de réfléchir aux stratégies pour ralentir. Où se situe votre marge de manœuvre ? Qu’est ce qui dépend de vous, des autres, du manager, des clients ?
- Limiter au maximum le multitâche, qui alimente l’agitation et s’avère peu efficient ;
- S’aménager des pauses, des temps de respiration.
A titre collectif, il s’agit de :
- Cesser de penser que l’efficacité se mesure au nombre d’heures effectuées et de banaliser la surcharge de travail ;
- Respecter les temps de pause des autres, les laisser respirer ;
- Remettre la notion d’urgence en perspective. On a tendance à étiqueter un peu trop facilement une demande comme urgente sans que ce soit toujours justifié, ce qui augmente la pression.
Et vous, que pouvez vous faire pour ralentir et prendre soin de votre santé au travail ? Quel impact pouvez-vous avoir sur la culture et les pratiques accélérantes / décélérantes dans votre organisation ?
(1) Etude Malakoff Mederic de 2017.
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A lire aussi :
– Happy Team #4 : pour en finir avec le présentéisme !
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