Avec la crise, les espaces de coworking ont souffert des restrictions et de la distanciation sociale, contraires à leur modèle. Certains en ont aussi profité pour réfléchir à l’avenir et s’adapter pour recevoir les télétravailleurs qui continueront de travailler en dehors de leur entreprise, avec l’envie de sortir de chez eux.
76% des Français souhaitent continuer de pouvoir télétravailler à la sortie de la crise Covid 19 selon une étude de l’Ademe. Un sur deux de ces aspirants au télétravail serait même tenté de déménager s’il pouvait travailler à distance trois jours par semaine, à domicile ou dans un espace de coworking à proximité selon la dernière étude réalisée par Wojo et Opinion Way (octobre 2020).
Sauf que si les salariés apprécient le télétravail, tous n’ont pas les conditions adéquates pour travailler de chez eux… et s’imagineraient donc bien dans un bureau, plus proche de leur domicile (pour éviter les trajets), aménagés (pour l’ergonomie et le confort de travail) et avec d’autres travailleurs (pour éviter l’isolement). De quoi encourager les espaces de coworking, affectés par la fermeture des lieux publics pendant les confinements, à se réinventer… et à y croire encore.
Aujourd’hui, la France compterait près de 2000 espaces de coworking (1700 en 2019 selon l’indice de BAP un opérateurs de coworking), soit plus d’un million de mètres carrés… mais seulement 1% de l’immobilier tertiaire. La tendance serait toutefois en augmentation malgré quelques fermetures liées au Covid (il n’existe pas de chiffres officiels sur le sujet). Les projections parient sur une progression du coworking qui atteindrait 10% de immobilier tertiaire en 2030.
Parmi les nouveaux venus : des hôtels qui convertissent des chambres en espaces de travail partagé, comme Accor, Best western ou même l’hôtel Barrière Le Normandy qui a rejoint cette tendance après le premier confinement en proposant une « escapade télétravail » avec une pièce aménagée pour le travail durant la journée, avec bureau, fournitures et gourmandises.
Les espaces existants, surtout, réfléchissent à la suite
Ainsi Deskopolitan, arrivé à Paris en 2019 inaugure en 2021 son troisième espace au sein de l’espace Montparnasse. 2 600 mètres carrés dédiés aux travailleurs nomades soit 298 postes de travail, sept salles de réunions, un forum de 49 places et un bar avec un jardin, des tables extérieures et même une cabane de réunions sur pilotis ! Loin des 10 000 mètres carrés des géants du secteur mais avec des espaces adaptables à la crise sanitaire.
En Ardèche, Cécile Parnotte a monté un espace dans des locaux de 100m2 loués par la mairie juste avant le premier confinement, ce qui a coupé l’élan de départ. Mais aujourd’hui les 8-10 places sont presque toutes occupées… « On voit que les employeurs acceptent plus le télétravail et je pense que cela va durer. Et côté employés les gens ont testé de travailler chez eux, mal installés et veulent désormais continuer de ne pas forcément prendre la voiture tous les jours mais en ayant un bureau, loin des enfants, et avec des collègues », analyse-t-elle. Elle capte aussi une nouvelle tendance : des étudiants en demande d’espaces pour travailler en évitant d’être seul dans un petit appartement ou entouré au contraire d’une famille trop nombreuse.
Pour Yoann Jaffré, le responsable communication de Wojo qui compte 14 sites de coworking à Paris, Lille, Lyon et Barcelone et gère 300 « Wojo spots » dans des hôtels (Accor), « on a gagné dix ans sur les usages et mentalités sur le coworking grâce à la crise », se réjouit-il, malgré la baisse de fréquentation des lieux depuis un an. « Les salariés et managers ont été obligés de s’adapter à cette manière de faire… et les employeurs ont constaté que la productivité était conservée ».
Pour lui, alors que certaines entreprises parlent déjà de réduire leur surface de bureaux, les nouveaux lieux de coworking à venir (car de nouveaux vont ouvrir il en est certain !), seront surement dans leurs propres locaux. C’est ce que certains experts, comme Dynamic Workplace, appellent le corpoworking et voient déjà comme la tendance majeure post-crise. « Leurs baux 3/6/9 ne leur permettent pas de rendre les surfaces du jour au lendemain, alors elles vont s’adapter en proposant d’accueillir des travailleurs externes, en coworking », pressent-il, persuadé que la demande du tiers lieux va grandir encore. « Les salariés ont compris avec la crise qu’ils n’étaient pas obligés de subir leur lieu de travail et les transports pour les y amener. Mais beaucoup ne veulent plus faire de home office donc l’idée de se retrouver dans un espace partagé les séduit ». Avec des collègues de leur propre entreprise qu’ils retrouveront dans un lieu plus proche de chez eux, ou d’autres coworkers rencontrés sur place.
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Crédit photo : Deskopolitan.