Depuis 2018, le groupe Crédit Mutuel Arkéa propose à ses salariés de s’investir dans des associations pendant leurs dernières années de carrière. Un mécénat de compétences avec un triple avantage. Pour le collaborateur, la marque employeur et les territoires locaux. 

Marie-Annick le Page était juriste au sein de la start-up Aumax pour moi, une filiale du groupe Crédit mutuel Arkéa. A 59 ans, elle est désormais investie à 100 % dans l’association Crésus, qui lutte, depuis Brest, contre le surendettement. Pourtant, Marie-Annick, n’est pas encore à la retraite. Elle est mise en disponibilité, tout en conservant son salaire et ses avantages. Un dispositif de mécénat de compétences développé par le Crédit Mutuel Arkéa depuis 2018.

« Le lancement du mécénat de compétences au sein d’Arkéa est en cohérence avec notre ADN coopératif et territorial. Au cœur des régions, Arkéa soutient depuis toujours le tissu associatif. Le déploiement de ce dispositif répond à notre ambition d’améliorer le quotidien de chacun. Il nous permet à la fois, de donner un coup de pouce aux associations locales, de préparer dans les meilleures conditions le départ à la retraite de nos salariés et de contribuer à leur désir d’engagement », soulignait Marc Gosselin, le directeur des Ressources Humaines lors du lancement du projet. 

Une belle passerelle avant la retraite

« L’expérience, humaine et solidaire, est enrichissante pour tous. En tant qu’employeur responsable, nous nous assurons que tous nos collaborateurs s’épanouissent dans leur travail et ceci tout au long de leur carrière », encourageait-il. Un point de vue confirmé par Marie-Annick Le Page. « C’est vraiment une belle passerelle pour envisager une retraite qui soit dans le don de compétences et de ma personne, après ma vie de salariée et les 21 ans que j’ai passé dans le groupe. Au sein de l’association, je me sens utile différemment », apprécie celle qui a toujours imaginé faire du bénévolat « à la retraite ».

Elle n’en avait pas le temps avant, « entre le trajet de 90 kilomètres de trajet quotidien, le boulot, les enfants… » Quand les ressources humaines de son entreprise lui ont parlé du mécénat de compétences, trois associations lui ont été proposées. « Crésus me correspond vraiment car c’est assez technique et je retrouve plein d’anciens du Crédit mutuel ou du secteur bancaire, avec qui l’on a la même culture. C’est vraiment agréable de travailler ensemble », raconte-elle. 

Transmettre autrement

Marie-Annick apprécie aussi d’ « apprendre beaucoup » et notamment « comment aborder les personnes en difficulté ». « Les personnes arrivent souvent rongées par leurs problèmes. On leur donne une lueur d’espoir car la France offre vraiment des solutions pour sortir du surendettement », se réjouit-elle. Son mécénat de compétences terminé, elle songe à continuer son action en tant que bénévole. Si elle ne se sent pas encore retraitée, elle apprécie aussi d’avoir eu six mois avant de partir pour « transmettre » ses compétences en interne, à une jeune recrue de la start-up. 

Depuis 2018, les chiffres montrent l’engouement des salariés. De trois contrats signés la première année, « une phase de test » selon Mathieu Ducruix, directeur RH et formation au Crédit Mutuel Arkéa, le mécénat de compétences rassemble, en 2022, 33 salariés, soit plus de 350 mois offerts à des associations. 

Un engagement local porteur de sens

« Les salariés peuvent choisir de faire 12 mois à temps plein ou une journée par semaine pendant 36 mois », détaille Mathieu Ducruix pour qui le dispositif « fait vraiment la jonction entre une fin de parcours professionnel classique et le congé de fin de carrière ». « La retraite n’est jamais un moment facile à appréhender pour les salariés, et ce pas de côté par rapport à leur carrière permet d’ouvrir de nouveaux horizons, défend-il. Cela évite une cassure nette, du jour au lendemain. » Mathieu Ducruix remarque d’ailleurs que les salariés parlent plus facilement de leur « date d’entrée en mécénat » que de « leur dernier jour » pour ceux qui partent en retraite directement. 

Pour lui, le bénéfice est triple. Pour l’employeur, alors que le Crédit mutuel est engagé dans une démarche d’employeur à mission, cela traduit une volonté d’empreinte sociale sur les territoires et contribue à améliorer la marque employeur. Le groupe communique beaucoup en interne sur le sujet et ce dès l’entrée en alternance. Pour les associations, « qui bénéficient de compétences qu’elles n’arriveraient pas forcément à attirer sans cela ». Le groupe a signé des partenariats avec Crésus, Familles rurales, Jardins de Cocagne, le Secours populaire ou encore EPI Bretagne (pour les enfants épileptiques). Enfin, pour le collaborateur, à qui « le mécénat permet d’avoir une fin de parcours sereine ». « Le mécénat est une mission supplémentaire, dans un cadre totalement différent », résume Mathieu Ducruix. Comme un sas vers la retraite.

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Titulaire d’un master de journaliste au Celsa (Paris), Lucie Tanneau est journaliste indépendante, sillonnant la France, et plus particulièrement l’Est de la France au gré des thèmes de ses articles. Elle collabore à de nombreux titres, de Liaisons sociales magazine, La Vie, et Okapi, en passant par Grand Est, l’Est éclair, Village, et Foot d’Elles.

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