Comme on allume chez soi une bougie pour créer une atmosphère relaxante, des entreprises choisissent d’investir dans un parfum d’ambiance pour le bien-être de leurs salariés. Respirez, travaillez !

Une légère odeur de rhubarbe/ thé vert flotte depuis plusieurs années dans 350 agences du crédit agricole. « On s’est aperçu que quand les clients rentrent dans une agence où ils se sentent bien, ils sont moins agressifs et ont moins le sentiment d’attendre. Il y a l’aspect visuel avec la décoration mais aussi l’aspect olfactif » présente Patrick Kleer, le directeur adjoint du Crédit agricole Centre Est. « C’est gagnant-gagnant : les clients se sentent bien, et cela contribue au confort de nos salariés dans leur travail ». L’idée lui est venue en 2000, il avait alors  testé un parfum d’ambiance, mais le projet était tombé à l’eau.

Puis en 2010, Julien Grobert, un étudiant de l’université de Grenoble, le contacte pour participer à sa thèse sur le marketing olfactif. Patrick Kleer dit « banco ». « On a vraiment fait un travail scientifique, et créé un parfum à l’image de nos valeurs, avec un nez. » Pour lui, le parfum fait partie d’un ensemble de choses. « Quand on est chez soi, on met une bougie, on fait de la déco… On fait pareil dans nos agences. Certains diront que c’est du détail, mais pas pour moi : on fait un métier de service et on se doit d’être un lieu où on vit bien. Or, une odeur désagréable, on le sait tous, ce n’est vraiment pas confortable ». Si le parfum ne change pas la vie des employés du jour au lendemain, Patrick Kleer en est convaincu, il participe -un peu- à la qualité de vie au travail et à la fierté d’appartenir à son entreprise.

« Le parfum génère des émotions positives »

Stéphane Arfi, lui, en a fait son métier. Le créateur d’Emosens développe des parfums d’ambiance pour des professionnels. « Avant, nos clients étaient des hôtels et des magasins qui recevaient de la clientèle, mais on a de plus en plus d’entreprises qui nous appellent pour le bien-être de leurs salariés », constate-il. Des bureaux dans des tours à la Défense, des TPE dans le secteur de l’ingénierie… ses clients sont aujourd’hui très diversifiés. « Il y a des études qui ont montré que le parfum augmente la productivité. Pour moi, il génère des émotions positives, voire des souvenirs, qui font qu’on se sent bien là on l’on est », défend le spécialiste ès parfum.

Verveine, rhubarbe, agrumes…

« Ce qui est recherché dans les bureaux, c’est le bien-être et le confort, donc on privilégie des notes légères, qui correspondent aux valeurs, au contexte, à l’histoire de chaque société » détaille-t-il. Pas de parfum type donc, même si les mêmes notes « zen » reviennent souvent. Des notes fraîches, des notes d’eau, des notes fruitées, notamment avec des agrumes. « On doit rester sur de la suggestion avec ce côté agréable du parfum qui revient par touche. On le sent quand on entre, puis on l’oublie », conseille Stéphane Arfi. Ainsi, dans les bus de la TCAT à Troyes, le parfum « fraise tagada » a vite été remplacé. La régie de transport publique teste la diffusion d’odeur dans quatre de ses véhicules depuis le début du mois de mai. Thé vert, verveine/jasmin, méditerranée, et eau de shiso (qui a remplacé l’odeur de bonbon).

 Du confort pour les clients… et les salariés

« C’est une initiative prise à la fois pour le confort de la clientèle et des salariés : sachant que si la clientèle se sent bien, elle est plus agréable avec nos chauffeurs », expose Jean-Pierre Giéjacquot le directeur de la TCAT. « Dans les transports, on a plusieurs problématiques : les relations, le bruit, avec les gens qui parlent fort au téléphone, et les odeurs qui ressortent à certains moments de la journée. »

Le parfum permettrait de rééquilibrer la balance. A condition que les réglages soient faits correctement. L’odeur doit être agréable mais rester légère, afin de ne pas incommoder les plus sensibles. Elle doit être présente, alors même que les portes du bus s’ouvrent et se ferment en permanence, sans monter à la tête du chauffeur. « Le test dure jusqu’à la fin de l’été, la période la plus compliquée niveau odeurs, et on fera ensuite le bilan avec nos responsables du personnel. Mais je pense qu’un accueil olfactif positif ne peut engendrer que du positif », défend le directeur du réseau de bus. « Penser à l’humain, ce n’est pas mettre un babyfoot, c’est penser aux conditions de travail sur la durée, et le confort olfactif en fait partie », conclue Patrick Kleer, du Crédit agricole.

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Titulaire d’un master de journaliste au Celsa (Paris), Lucie Tanneau est journaliste indépendante, sillonnant la France, et plus particulièrement l’Est de la France au gré des thèmes de ses articles. Elle collabore à de nombreux titres, de Liaisons sociales magazine, La Vie, et Okapi, en passant par Grand Est, l’Est éclair, Village, et Foot d’Elles.

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