Laura Di Muzio et Alexandra Pertus ont fondé LJA Sports, avec Jannick Jarry en 2016. Les rugbywomen de Villeneuve d’Ascq s’inspirent de leur vie de sportives de haut-niveau pour prôner le collectif et le droit à l’erreur en entreprise. En conférence ou en formation, elles militent pour que chacun trouve sa place dans le groupe, et pour plus de mixité. On ne peut que les encourager !
« C’est tout ce que je rêvais de faire, mais seule je n’aurais jamais osé », confie Laura Di Muzio. Ce simple aveu montre à quel point la consultante et commentatrice de France TV croit en la force du groupe, des interactions et du partage. Joueuse de rugby de haut-niveau à Villeneuve d’Ascq et ancienne internationale avec l’équipe de France, la Nordiste a créé en 2016 une agence de communication pour sportives avec sa coéquipière « et meilleure amie » Alexandra Pertus et un ancien collègue Jannick Jarry.
Alors qu’ils travaillent ensemble dans une start up, elle se change chaque soir dans sa voiture ou dans les toilettes pour enfiler son short et filer à l’entraînement. « Mais qu’est-ce que tu fais Laura !? », lui demande-t-il un jour. Elle lui raconte son planning entre boulot, entraînements et matchs. Alors qu’elle renonce à une convocation en équipe de France pour raisons professionnelles, le quinquagénaire dit « stop ». A 50 ans, il a déjà monté plusieurs boîtes et décide de l’accompagner pour fonder LJA Sports, pour Laura, Jannick et Alexandra, mais aussi Ladies are Just Amazing.
« Le but est d’accompagner des sportives pour qu’elles ne connaissent plus les mêmes difficultés que nous », détaille Laura Di Muzio. Leur agence s’occupe de la communication et de la recherche de sponsors pour trois joueuses de rugby et une ultra-traileuse. Mais surtout, et ce n’était pas prévu au programme de départ, elles interviennent en entreprise, partout en France. « Trois à quatre fois par semaine depuis janvier », réalise à peine la demi d’ouverture. Au tout début, c’est Décathlon, entreprise d’origine nordiste comme elles, qui leur demande d’animer un team-building. Leur discours sur le pouvoir du collectif et leur force de caractère impressionnent. Décathlon les rappelle sur scène.
Le porteur de ballon, comme le porteur de projet, ne doit jamais être seul
« Il y a plein de parallèles entre la vie de sportive et la vie en entreprise », commente Laura Di Muzio. Déjà-vu ? « Les anciens sportifs sont légions dans le consulting, mais nous sommes des femmes et encore en activité sur le terrain, ce qui change pas mal de choses », revendique-t-elle. « Le public, souvent masculin, s’attend toujours à rencontrer un ancien rugbyman. » Quand il voit arriver une joueuse en short, sortie de prépa HEC après une école de commerce et ancienne start uppeuse, l’écoute change.
L’objectif ? « Dans le championnat, on ne gagnera pas si le groupe n’est pas construit, soudé, soutenant. En entreprise, c’est pareil : personne ne peut demander des résultats à des personnes isolées. Les gens peuvent piocher dans notre discours pour adapter des choses en entreprise », estime-t-elle. Créer l’identité du groupe, devenir persuadé de la légitimité de chacun avec ses forces et ses faiblesses, communiquer et générer du lien, savoir faire preuve d’abnégation pour se mettre au service du collectif, accepter les erreurs, prendre des initiatives… Autant d’encouragements valables sur le terrain, à 15, comme dans les entreprises à 10, 50 ou 2 000.
« Pour marquer un essai au rugby, on peut foncer vers l’en-but, mais les partenaires doivent toujours être en soutien : le porteur de ballon, comme le porteur de projet, ne doit jamais être seul ». Si Laura Di Muzio est désormais salariée de LJA Sports, Alexandra Pertus continue d’enchaîner son poste de responsable de la communication d’une société de matériau agricole avec les entraînements et les conférences. Leur vie a changé. Et elles comptent bien aussi faire changer celles des salariés qu’elles rencontrent et des sportives de haut niveau de demain.
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