Penser à réserver une location pour les vacances (ou à l’annuler !), rappeler belle-maman qui a laissé un message il y a quatre jours, ne pas oublier de répondre à vos mails en retard et aux messages sur Slack ou LinkedIn… ça vous parle ? Toutes ces pensées que nous avons en permanence dans la tête en plus des tâches que nous sommes en train de faire… c’est ce que l’on appelle la « charge mentale ». Une to do list mentale en perpétuel renouvellement, dont on ne coche jamais toutes les cases et qui nous pollue l’esprit et nous empêche d’être dans l’instant présent et d’être vraiment focus sur ce que l’on est en train de faire.
C’est en 1984 que Monique Haicault, sociologue, applique la notion de « charge » physique des travailleurs au mental. Nous avons tous, selon elle, un poids mental constant lié à la gestion et logistique domestique de notre foyer. Il s’agit, pour elle, du fait de « devoir penser systématiquement à des choses appartenant à deux mondes séparés ». Autrement dit, c’est le fait d’être à en droit A et de penser en même temps à tout ce que l’on devrait faire dans B (et inversement). C’est être au travail et penser à préparer le gâteau pour l’anniversaire de notre ainée, faire les courses parce que le frigo est vide, arroser les plantes parce qu’elles risquent de faner, etc. C’est être à la maison et penser au tableau Excel que l’on doit terminer pour la fin de semaine, au mail que l’on doit envoyer à tel client, aux congés à poser dans l’intranet pour les prochaines vacances, etc.
Toutes ces petites choses qui, si elles ne sont pas faites, plongent l’organisation domestique dans le chaos et nous font prendre du retard au travail. Le concept de charge mentale s’applique d’ailleurs aussi au travail.
Ces « post-it » internes se succèdent. La liste n’est jamais terminée. S’ils sont « écologiques » parce qu’à l’intérieur de notre tête et non en papier, ils n’en demeurent pas moins très peu écologique pour notre bien-être. Ils usent, surtout lorsque l’on doit les actualiser tout(e) seul(e) : maman ou papa solo, charge mentale mal ou non répartie au sein du foyer, absence de collègues pour diluer la charge au travail (entrepreneur individuel, équipe restreinte, impossibilité d’embaucher, démarrage d’activité, etc.).
Cette fameuse charge mentale, médiatisée suite à la BD de la bloggeuse Emma en 2017 et rentrée dans le Larousse en 2020, serait, selon l’Insee, plus prégnante chez les femmes que chez les hommes. Mais peu importe, ce n’est pas notre sujet ici. Nous avons tous – femmes et hommes – un poids mental constant qu’il faudrait adoucir pour s’éviter la surcharge et, in fine, l’épuisement.
Lorsque l’on sent que l’on est en surchauffe, que l’on a tout le temps la tête dans le guidon, que l’on est en permanence en mode pilotage automatique, il faut être vigilant(e) et écouter les signaux du corps et de l’âme. Irritabilité, crise de larmes intempestives, fatigue chronique, temps de repos (week-end et vacances) non récupérateurs, problèmes de sommeil, trouble musculo-squelettiques à répétition (lombalgies, problèmes aux cervicales, etc.), annulation de rendez-vous médicaux ou de moments de plaisir pour terminer les urgences, repli, isolement, stress chronique, etc… tous ces symptômes indiquent qu’il y a un dysfonctionnement quelque part. Est-ce au travail ? A la maison ? Les 2 ? Posez-vous pour faire un scan’ de la situation et voir où si situe la surcharge. Nous vivons dans une société au rythme effréné (« j’ai pas le temps… ») et ne nous rendons plus compte que ces symptômes physiques et psychiques ne sont pas normaux. Ils expriment une situation pathologique dans laquelle il n’y a plus de place pour l’écoute de nos maux. Or le risque est grand : burn-out, souffrance, dépression, arrêt de longue durée, erreurs au travail, disputes à la maison, climat ambiant électrique, divorce, etc. La surcharge est délétère.
Comment s’éviter l’épuisement ?
Tout d’abord en reconnaissant les troubles précités et en se déchargeant d’une partie de sa charge mentale. Au travail, comme à la maison, allégez la mule !
Je délègue et fixe des limites au boulot
Listez toutes les tâches qui vous encombrent et que vous pourriez déléguer aux autres (collègues, collaborateurs, stagiaires, etc). Si vous souhaitez vraiment libérer un peu d’espace mental dans votre disque dur interne, vous n’avez guère d’autres choix que d’accepter l’aide d’autrui. Les choses ne seront peut-être pas faites comme vous l’entendiez mais au moins vous retrouverez un petit peu plus de temps pour vous concentrer sur vos missions essentielles. L’éparpillement mental n’est jamais bon. Cela implique donc de faire le tri entre l’essentiel et l’accessoire, et de faire un travail de priorisation. Quelles sont vos priorités du mois/de la semaine/du jour ? Concentrez-vous sur elles et déléguez ou relayez à d’autres (lorsque c’est possible) le « reste à faire ». Cela s’appelle le « lâcher-prise » : identifier ses limites, les admettre puis les opposer (voire les imposer) aux autres. Et à moins que vous ne sauviez des vies (et encore, même et surtout dans ce cas là il est essentiel de se préserver), le travail non accompli ne changera pas la face du monde. Cela engendrera peut-être du retard, des décalages, le mécontentement de votre équipe ou de votre N+… Qu’importe. Votre santé physique et mentale doit être votre priorité (je sais, c’est plus facile à dire qu’à faire…).
Assumez vos besoins et exigences. Vous ne souhaitez plus partir du travail à 20h et ne pas pouvoir embrasser vos enfants avant le dodo… Partez plus tôt ! Vous aurez peut-être des réflexions ou des regards inquisiteurs les premiers jours, mais vous verrez qu’à force les équipes s’y feront… et vous suivront peut-être dans votre audace (qui, même lorsque l’on adore son métier, n’a pas envie de rentrer plus tôt chez soi pour s’adonner à d’autres activités ou profiter de sa vie de famille). Le temps passé à travailler ne signifie pas travail bien fait. L’amplitude horaire n’est qu’une vitrine. Une réunion à 20h ? Osez dire non : « j’ai une vie à côté ». et fixez un cadre : « les réunions, c’est jusqu’à telle heure maximum ». Pour s’éviter l’épuisement et tant que le respect de l’équilibre de vie n’est pas permis ou respecté par votre entreprise, fixez vous-même les limites et assumez les. Oui, c’est dur. Mais c’est essentiel. Aucun travail ne mérite de mettre votre santé, votre couple ou votre vie de famille en péril.
A la maison : répartissez !
La charge mentale à la maison correspond à tout le travail invisible (et non rémunéré) d’organisation et de gestion des travaux ménagers et de la logistique familiale. Cette charge s’ajoute à celle du travail, si bien que l’on se retrouve souvent à faire une « double journée ». Là encore, déléguez et répartissez.
Si vous en avez les moyens, embauchez un homme ou une femme de ménage. Ou un(e) nounou pour les enfants. Sollicitez les grands-parents (je sais, avec la Covid c’est compliqué), vos amis, vos frères et sœurs pour un peu de baby-sitting afin de vous dégager du temps pour vous. Et répartissez les tâches : vous n’avez pas à endosser le rôle de “Gestionnaire en titre des tâches domestiques”. Devoir penser pour deux, pour trois, etc. n’est ni normal ni souhaitable. Nous avons travaillé et testé pour vous un petit tableau fort utile pour rétablir l’équilibre dans un foyer. Il s’intitule “T’as pensé à…” et vous permettra de penser (et panser !) la répartition des tâches entre vous, votre partenaire et vos enfants si vous en avez. Distanciez vous de l’affect et envisagez votre foyer comme une colocation : lorsque l’on est en coloc’, on se répartit les tâches. Et bien faites la même chose en couple ou en famille : JE TELECHARGE LE TABLEAU
Faites un test pendant 1 mois : accrochez le quelque part chez vous. Chaque membre du foyer devra cocher une case à chaque fois qu’il réalise une tâche. Vous verrez ainsi à la fin du mois si déséquilibre il y a. Sur cette base, vous pourrez rectifier ce qui doit l’être. Vous nous direz si cela a marché ! Et rappelez-vous : on a qu’une vie ! En ces temps de Covid, il est bon de ne pas l’oublier…
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Photo by engin akyurt on Unsplash