La crise du Covid-19 a bouleversé nos manières de travailler. Si elle a permis de démocratiser le télétravail, elle interroge aussi sur la place et le rôle des bureaux. Quentin Audrain et Marie Vaillant, fondateurs de Yemanja, studio de conception et aménagement de bureaux, sont convaincus que les espaces de travail doivent refléter les valeurs de chaque entreprise et l’identité des équipes afin de développer un fort sentiment d’appartenance. Leur leitmotiv : en faire un lieu de vie unique, propice au bien-être et à la performance. Interview.

Quelles sont les clés d’un bon aménagement de bureau ?
Tout projet démarre par une réflexion sur l’entreprise et ses valeurs. Le vrai point de départ repose sur une question essentielle : qui est l’équipe ? Le reste vient en support. Même si le télétravail se démocratise, les bureaux demeurent le berceau de la culture d’entreprise. Il est important que les salariés s’y sentent bien, avec le bon équipement et les bons outils pour travailler dans les meilleures conditions possibles selon leur activité. Dans un modèle hybride, mêlant travail à distance et présentiel, les locaux sont un point de rencontres qui doivent permettre les échanges et favoriser l’informel, l’inattendu.

Qu’est-ce que change la généralisation du télétravail ?
La crise aura accéléré certaines tendances déjà présentes comme la réduction des surfaces. Au-delà de cet aspect économique, il y a désormais une prise de conscience que les bureaux doivent donner envie aux salariés et les aider à travailler de manière collaborative. On assiste donc à la multiplication des petites salles de réunion et des espaces créatifs. Proposer un grand open-space ne suffit clairement plus ! Ensuite, cela dépend de l’entreprise et des métiers concernés. Le flex-office suscite encore des craintes qui peuvent être levées avec des aménagements spécifiques : deux écrans pour les développeurs, des bulles pour s’isoler pour les commerciaux souvent au téléphone, des rangements pour les comptables ou les RH…

Avez-vous des exemples récents d’aménagements à partager ?
Oui, notamment Luni, start-up bordelaise spécialisée dans le développement et la distribution d’applications mobiles. Pour rallier et fédérer l’équipe autour des nouveaux espaces de travail, le fil rouge choisi pour l’aménagement et la décoration fut le jeu sous toutes ses formes, une valeur forte pour cette entreprise de créatifs.

Autre mission : iVesta, un Family Office installé Place Vendôme à Paris. Pour que chacun trouve sa place et travaille avec plaisir, nous avons imaginé leurs locaux comme une grande maison. Un nouveau chez soi partagé par tous les membres de l’équipe depuis le printemps 2020, dans une ambiance aussi accueillante qu’éclectique.

Et vous, à quoi ressemblent vos bureaux ?
Ils sont situés à Paris, dans le Marais, sur trois étages, et ressemblent à un grand loft où il n’y a pas de portes. Nous avons un atelier attenant pour les bricoleurs de l’entreprise. Un étage est consacré au travail calme avec de grands écrans et de chaises ergonomiques. Au rez-de-chaussée, c’est l’espace de vie, avec cuisine, une grande table pour les réunions, un canapé, une Phone Box. C’est un endroit très vivant où il y a beaucoup de passages, de flux. Nous avons aussi une salle de sieste et un coin pour les soirées qui se terminent souvent en karaoké.

Vous vous décrivez comme une entreprise libérée, comment cela se traduit-il au quotidien ?
Nos relations sont basées sur la confiance depuis nos débuts. Chez nous, il n’y a pas de micro-management, mais de l’autonomie et de la responsabilisation de chacun. Nous communiquons beaucoup, de manière transparente, notamment par écrit. Les chefs de projets gèrent tout de A à Z, ils n’ont pas à nous demander la permission pour chaque décision à prendre ou chaque achat à réaliser. Notre seule demande : agir dans l’intérêt de la mission pour que le client soit satisfait dans le respect de nos valeurs, c’est-à-dire avec bienveillance. Nous avons des rituels d’équipe comme notre point du lundi matin qui est sacré. On se voit aussi une fois par trimestre pour un feu de camp : tout le monde prend la parole pour partager son état d’esprit, ses émotions, ses éventuelles difficultés, etc. Ce temps d’échange permet de régler certains soucis ou d’évacuer des malentendus au lieu de rester dans le non-dit. Nous avons également mis en place des comités thématiques, par exemple sur la rémunération. Les questions clés sont ainsi aux mains de l’équipe.

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Diplômée de Sciences-Po Paris, Fabienne Broucaret a fondé My Happy Job en 2016. Elle en a été la rédactrice en chef jusque fin 2022. Conférencière et journaliste, elle a écrit "Mon Cahier Happy at Work" (Solar) et "Télétravail" (Vuibert). Elle a aussi co-écrit “2h chrono pour déconnecter (et se retrouver)” avec Virginie Boutin (Dunod). Passionnée par les questions de mixité, elle est enfin l’auteure des livres "Le sport, dernier bastion du sexisme ?" et "A vos baskets toutes ! Tour de France du sport au féminin" (Michalon).

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