Et si la réponse au travail en silo, chacun dans son coin, n’était pas de favoriser le collaboratif, mais plutôt de cultiver l’empathie ?
Dans toutes les entreprises on entend le même refrain : il faut casser les silos, il faut du collaboratif. Et c’est vrai que la tendance à fonctionner en silo, dans son coin, est une source de problèmes et de perte de productivité. En réalité, quand on oppose les silos au collaboratif, on se trompe de problème : les silos n’ont jamais été opposés au collaboratif. Mais souvent, les solutions mises en œuvre sont, elles aussi, une source de problèmes et de perte de productivité :
– mélanger tout le monde dans un open-space : formidable, sauf que plus personne n’arrive à travailler parce qu’on est sans cesse interrompu et que le bruit est infernal. Du coup, on travaille avec des écouteurs, ce qui est super pour le collaboratif.
– faire que les gens se parlent plus mais ils perdent un temps incroyable dans des réunions aussi interminables que stériles ou bien ils sont inondés de mails et messages instantanés parce que tout le monde se mêle de tout.
Car, voyez-vous, les silos ont du bon : c’est ce qui permet l’autonomie, et donc ce qui permet de faire son travail. En pensant qu’il suffit de remplacer les silos par du collaboratif pour que ça aille mieux, on se trompe : on a juste remplacé un problème par un autre. Parce qu’on a oublié au passage de penser le travail : dans quel contexte, pour quel type de tâche, il vaut mieux être dans son silo et dans quel contexte, pour quel type de tâche, il vaut mieux être en collaboratif, et penser l’articulation entre les deux.
En réalité, quand on oppose les silos au collaboratif, on se trompe de problème : les silos n’ont jamais été opposés au collaboratif. Le problème des silos, c’est le manque d’empathie : le manque de prise en compte de l’impact sur les autres (à l’intérieur et à l’extérieur de l’organisation), de leurs besoins et de leurs objectifs, des interactions avec les autres parties prenantes. C’est cela qui constitue le vrai problème : penser égocentrique au lieu de penser systémique.
Car, en développant cette capacité à se mettre à la place des autres, il devient alors possible de le prendre en compte lorsque nous agissons et d’aller chercher la collaboration quand c’est nécessaire. Et seulement quand c’est nécessaire. Parce que, sinon, tout devient compliqué et on ne peut plus bosser. Donc, lorsque vous travaillez sur un projet :
– posez-vous pour vous mettre à la place des différentes parties prenantes. Demandez-vous l’impact que ce que vous faites peut avoir sur leur activité et leurs objectifs. Demandez-vous sur quoi et comment vous allez avoir besoin d’elles.
– demandez-vous ensuite quel est le meilleur moyen de collaborer avec (quelles modalités et fréquences, avec quels objectifs), en prenant soin de circonscrire les sujets, pour ne pas vous perdre dans des interactions inutiles qui vont juste vous compliquer la vie.
– retournez ensuite dans votre silo pour pouvoir faire ce qui est de votre responsabilité, bref votre travail.
Le collaboratif n’est pas une solution. C’est l’alternance entre le collaboratif et le silo qui permet d’être le plus efficace. Et c’est l’empathie qui peut vous permettre de savoir quand, comment et pourquoi aller vers l’un ou l’autre.
Ancien directeur du développement des talents chez KPMG, psychologue clinicien, thérapeute spécialisé en thérapies comportementales et cognitives (TCC) et en thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT), Christophe Deval est associé fondateur de A.Life, co-auteur de “Simplifiez vos relations avec les autres” et “Découvrir l’ACT” (Intereditions). Plus d’infos : www.a-life.fr et www.act-life.fr
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