A l’occasion de la journée mondiale du compliment, le 1er mars, nous avons interviewé Faustine Duriez, fondatrice de Kiff by Cocoworker, une appli de reconnaissance entre collègues basée sur les soft skills. Son objectif ? Améliorer la qualité de vie au travail et encourager la collaboration en entreprise.

Pourquoi est-ce important d’exprimer sa gratitude en entreprise ?
La gratitude fait encore difficilement partie de nos cultures d’entreprise car on ne prend pas souvent le temps de réfléchir à ce que l’on apprécie au travail. La recherche montre d’ailleurs que les appréciations ne se produisent pas fréquemment au travail : seulement 30% des collaborateurs expriment leur gratitude envers leurs collègues plusieurs fois par semaine et seulement 20% envers leur patron d’après l’ étude menée par la John Templeton Fondation. Au total, 35% des personnes ne remercieraient jamais leur boss et 29% leurs collègues. Ces résultats suggèrent bien que la gratitude est loin d’être l’élément central de la vie de l’entreprise. Et c’est préoccupant car c’est un élément clé pour construire un environnement de travail épanouissant et motivant. La reconnaissance a en effet un impact direct sur l’engagement des salariés, leur motivation, leur rétention et leur bien-être. C’est un puissant levier de la psychologie positive. Pour l’entreprise, sa pratique régulière va contribuer à créer une culture d’entreprise unique et va renforcer les relations avec les employés. Il est donc primordial d’encourager la reconnaissance à tous les niveaux dans l’entreprise, et le digital s’y prête particulièrement bien pour l’ancrer dans les pratiques à grande échelle.

On parle souvent de la reconnaissance du manager vers les membres de son équipe, en quoi la reconnaissance entre pairs est-elle tout aussi fondamentale ?
Une étude menée par Tiny Pulse auprès de plus de 200 000 employés a montré que les relations entre collègues et la camaraderie sont la première raison que les employés avancent pour justifier qu’ils donnent le meilleur d’eux même (en travaillant plus par exemple).  Il est donc clair que la reconnaissance entre pairs est fondamentale, car elle renforce les liens. Elle est aussi perçue comme particulièrement légitime puisque venant de personnes qui sont directement impactées pas notre travail et notre engagement quotidien. Et pourtant, il est vrai que l’on parle davantage de la reconnaissance du manager. Et il y a une raison très simple à cela : dans la plupart des entreprises, le manager reste encore le seul à pouvoir reconnaître les salariés. Cette exclusivité de la reconnaissance entraîne deux écueils : elle peut facilement se faire sur la visibilité que chacun va se donner auprès des décideurs qui ne peuvent pas tout voir et tout savoir, et pour les managers ce pouvoir peut devenir pesant face aux attentes des équipes. Un sondage BVA en 2012 révélait ainsi que pour les salariés, le rôle du manager était en priorité de « valoriser leur travail ». Et si le manager reste pour le moment l’interlocuteur privilégié pour apprécier le travail fourni, la reconnaissance de l’engagement et du savoir-être peut s’ouvrir à tous les collaborateurs.

C’est bénéfique à la personne qui reçoit cette reconnaissance, mais pas seulement non ?
Oui, les effets sont aussi importants pour ceux qui témoignent leur reconnaissance que pour ceux qui en reçoivent. Des études indiquent même que les personnes reconnaissantes au travail sont celles qui ont de meilleures perspectives, sont plus agréables et plus ouvertes aux idées nouvelles.

Votre solution s’appuie sur la mise en avant des soft skills, pourquoi ?
Je trouvais que les systèmes de reconnaissance des entreprises ne prenaient pas suffisamment en compte nos compétences de savoir-être. Or, la valorisation des compétences humaines et interpersonnelles compte pour beaucoup dans la construction de la culture de l’entreprise. Par exemple, lorsque l’on promeut quelqu’un dans son organisation, on envoie le message à tous les salariés qu’il faut se comporter comme cette personne pour évoluer dans l’entreprise. C’est donc important de prendre en considération ces qualités pour créer des modèles de réussite en phase avec les valeurs que l’on affiche. C’est cet alignement qui va contribuer à l’engagement des salariés. Et le deuxième point qui me semblait essentiel c’est que les soft skills sont clés pour le futur du travail. On sait en effet que 50% de nos compétences techniques sont obsolètes au bout de 2 ans*, et que face à l’automatisation des tâches et l’intelligence artificielle, ce sont bien nos compétences humaines et interpersonnelles qui constitueront notre meilleure valeur ajoutée pour l’entreprise. Pour encourager les salariés à les développer, il faut commencer par leur faire prendre conscience des qualités qu’ils possèdent déjà. Et quel meilleur moyen que l’intelligence collective pour les révéler ? Au-delà du système de reconnaissance 360 en temps réel, Kiff est également un outil de développement professionnel collaboratif.

Vous l’avez déployée dans plusieurs entreprises, qu’avez-vous remarqué comme changements avant/après ? 
Le premier effet que l’on constate immédiatement, c’est le renforcement de la convivialité et de la bonne humeur dans l’entreprise. En gamifiant notre solution, nous « obligeons » les salariés à lever le nez de leurs ordinateurs pour prêter attention aux comportements positifs de leurs collègues et à les valoriser. Nous diffusons ainsi une culture du feedback positif. Les équipes commentent et likent les kiffs échangés sur la plateforme, en parlent à la machine à café, les montrent à leur entourage personnel, encouragent leurs collègues, se félicitent. Notre client April nous a dit, qu’au bout de deux mois, il voyait des services qui ne communiquaient que très peu ensemble, commencer à s’envoyer des kiffs. Nous avons aussi constaté des effets indirects sur la marque employeur de l’entreprise. Des équipes ont partagé leurs kiffs sur les réseaux sociaux, en ont parlé autour d’elles. Comme les salariés apprécient de voir de l’innovation dans leur organisation, ils en deviennent naturellement des ambassadeurs. Les collaborateurs nous disent surtout qu’ils apprécient un outil qui les responsabilisent concrètement. L’entreprise ne les amuse pas en leur demandant de s’envoyer des likes, elle leur partage un pouvoir de reconnaissance.

Le 1er mars, c’est la journée mondiale du compliment, qu’est-ce un bon compliment pour vous ?
C’est comme un bon feedback, il doit être sincère, réalisé au bon moment, attitré (la reconnaissance individuelle est plus importante et a plus d’effet sur les employés que la reconnaissance collective) et surtout il doit permettre à la personne qui le reçoit de comprendre le comportement qui a été apprécié. C’est ce dernier point qui va permettre à la personne bénéficiaire de le répéter et d’influencer positivement son entourage.

Quel est le kiff que l’on vous a envoyé qui vous a le plus marquée ?
Le kiff #efficacité de mon premier client qui a apprécié l’effet immédiat de notre solution dans ses équipes !

Plus d’infos : www.cocoworker.com

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*Étude SAP France et The Boson project

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Diplômée de Sciences-Po Paris, Fabienne Broucaret a fondé My Happy Job en 2016. Elle en a été la rédactrice en chef jusque fin 2022. Conférencière et journaliste, elle a écrit "Mon Cahier Happy at Work" (Solar) et "Télétravail" (Vuibert). Elle a aussi co-écrit “2h chrono pour déconnecter (et se retrouver)” avec Virginie Boutin (Dunod). Passionnée par les questions de mixité, elle est enfin l’auteure des livres "Le sport, dernier bastion du sexisme ?" et "A vos baskets toutes ! Tour de France du sport au féminin" (Michalon).

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