Comment nos bureaux peuvent-ils nous aider à mieux travailler ? Le cabinet de conseil Greenworking apporte des éléments de réponse dans son étude sur les nouveaux environnements de travail intitulée Le bureau de demain : les 7 tendances qui vont révolutionner l’environnement de travail, de l’avènement du Flex Office 2.0 au développement du Slow Workplace. En voici une synthèse.
“Dans la transition managériale et organisationnelle, le lieu de travail joue un rôle central et déterminant puisqu’il doit à la fois permettre, inciter, initier et pérenniser de nouvelles activités et pratiques.” Menée auprès de 15 entreprises (1), s’appuyant sur de nombreux chiffres et exemples concrets, l’étude de Greenworking dégage 7 tendances majeures :
1/ Le Flex Office 2.0. C’est la combinaison de deux notions complémentaires : des espaces collaboratifs en plus grand nombre et de types plus variés, et le partage des positions de travail à l’échelle de zones d’équipes. L’échec de l’open space a démontré qu’il n’est pas possible de faire coexister dans un même espace des activités individuelles nécessitant des cycles longs de travail et des activités collectives discontinues et informelles. Le Flex Office 2.0 va au-delà d’une simple dépersonnalisation des bureaux, pour offrir une nouvelle liberté au salarié de choisir son poste de travail parmi toute une palette étendue et diversifiée d’espaces, chacun ayant ses propres avantages, inconvénients et codes d’usage.
2/ Activity-based working. Puisque le poste de travail ne peut pas s’adapter – au sens ergonomique – en permanence à la diversité des tâches réalisées par son occupant, c’est la mobilité et le Flex Office qui permettent à l’occupant d’utiliser l’espace qui lui convient le mieux en fonction de son objectif : concentration, saisie, lecture d’une documentation, échange informel, rendez-vous bilatéral, réunion de travail, comité de projet, brainstorming, etc. Le nombre de types d’espaces de travail a ainsi explosé, passant de 2 ou 3 pour un bureau traditionnel à près de 12 en moyenne. Concernant les espaces collaboratifs fermés, il faut en moyenne un espace fermé de 2 à 12 places pour 8 collaborateurs.
3/ Office Sweet Office. Le bureau est un levier décisif du marketing employeur. Dans une logique de consumérisation du travail, le bureau a un impact substantiel sur la qualité de l’expérience-salarié, et ses attentes sont de plus en plus intégrées dans les lieux mis à sa disposition pour travailler. Le bureau entre lui aussi dans l’ère du blurring et gomme progressivement les ruptures entre l’environnement personnel et professionnel : les ambiances, la décoration, les cheminées, les cuisines, les matériaux bruts, les végétaux, voire les animaux, envahissent les bureaux d’entreprise pour recréer une atmosphère plus humaine, plus intuitive, plus « impliquante ». Suivant une logique holistique, l’expérience-salarié va tendre vers celle offerte par le domicile, pour apporter plus d’authenticité, d’hétérogénéité, de confort, de chaleur, de personnalisation, de liberté et d’inspiration… On passe d’une logique de wellness (pressing, conciergerie, sieste, nutrition, etc.) à une logique de wellbeing (connexions positives, échanges authentiques, autonomie, reconnaissance, etc.).
4/ Slow Workplace. Face à la marée d’interruptions, un besoin urgent de concentration, de zen, d’intimité apparaît : le bruit et l’intimité sonore sont les deux préoccupations premières des futurs usagers d’un espace de travail, pour lesquels le travail de concentration reste la plus cruciale et la plus chronophage des activités.
5/ L’entreprise sans murs. L’unité de lieu, de temps et d’action qui prévalait jusqu’à présent en matière de travail est définitivement rompue. Dans ce paysage en pleine reconfiguration du lieu de travail, le tiers-lieu va jouer un rôle décisif : télécentres, espaces de coworking, etc.
6/ Sérendipité : des bureaux comme des villes. Les bénéfices irremplaçables de la présence se réduisent chaque année avec l’apparition de technologies toujours plus performantes, plus fluides, plus immersives. Mais, aujourd’hui, ces bénéfices sont encore bien présents. D’abord, l’e-mail et la visioconférence ne sont pas performants pour transmettre la complexité : les échanges qui nécessitent des précisions, des schémas, l’affichage simultané d’une grande quantité d’informations se prêtent mal à la distance. Ensuite, la transmission des émotions est un frein majeur au « tout-virtuel » : les émotions sont en effet essentielles à la conviction, à l’influence, au relationnel, à la confiance, à l’apprentissage, au débat, à l’émulation, à l’imitation, au sentiment d’appartenance et donc au leadership et au commerce. Ce sont les émotions qui stimulent, motivent, aident à ancrer de nouvelles informations. La distance a au contraire tendance à créer des environnements de lâcheté, de froideur, de neutralité. Enfin, la dernière carence de la collaboration virtuelle est le hasard des rencontres et des relations humaines. En effet, les échanges spontanés, les découvertes, les eurêka nécessitent encore un espace physique. Au global, il n’y a aucune limite à la virtualisation de l’entreprise, mais la collaboration intense, le sentiment d’identification et d’appartenance, la sérendipité sont des avantages compétitifs incontournables que seul permet l’espace physique.
Le bureau doit pleinement devenir un creuset, un lieu de rencontres, de hasard, de relationnel, d’informel, d’échange. Il doit devenir un incubateur de liens sociaux, multiplier les chances d’avoir de la chance, et permettre de créer des connexions, des associations d’idées ou de compétences inédites, voire atypiques. Pour cela, les bureaux peuvent s’inspirer du modèle des villes : véritables kaléidoscopes culturels, elles attirent et captent le capital créatif par la diversité, le mélange, la vitalité et les surprises permanentes qu’elles accueillent. Les entreprises qui font de l’exploration un facteur de différenciation s’inspirent de ce fonctionnement et pensent leurs locaux comme des « ruches » devant attirer les créatifs et provoquer entre eux un grand nombre de rencontres accidentelles.
7/ Directions immobilières : a new (workplace) deal. Exit la conception des espaces de travail qui est vécue comme un travail très descendant et théorique de l’architecte, bienvenue à la conception participative.
(1) Etude réalisée à partir d’entretiens qualitatifs avec les Directeurs Immobilier et les DRH d’une quinzaine d’entreprises : Société Générale, Alcatel-Lucent, Danone, Engie IT, Sanofi, Siemens, Yves Rocher, etc. Plus d’infos : https://greenworking.fr/
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