S’inspirer des sportifs de haut niveau, c’est ce que propose l’ouvrage Dans la tête des champions (Dunod) qui réunit 18 récits d’athlètes. Burn-out, leadership, prise de risque, légitimité, mentorat : soit autant de situations et de concepts que vivent les sportifs… et tout collaborateur d’une entreprise.
Sport et travail ne font plus qu’un. Le livre Dans la tête des champions (Dunod) regroupe des enseignements précieux à tirer de 18 prises de paroles et à appliquer dans son quotidien professionnel. En voici trois d’entre elles.
1 – Eviter le burn-out en identifiant sa source de relâchement
Le burn-out, cette réaction consécutive à des situations de stress professionnel chronique, n’épargne aucun secteur. Y compris celui de la navigation, comme le montre le témoignage de Paco Lepoutre. Ce dernier découvre la grande mer à l’âge de 11 ans : une révélation qui tracera son chemin de navigateur professionnel. Au fil des ans, il enchaîne les grandes courses, veillant toujours à peaufiner sa technique et celle du bateau. « J’y pense tous les jours toutes les nuits à tous les instants. Seul ce souci de perfection me guide. Je vais aller chercher une médaille olympique, c’est la porte d’entrée vers mes rêves, la porte d’entrée vers la Coupe de l’America ou l’Ocean race.(…) Aussi, en grandissant, j’évolue au sein d’un environnement toujours plus exigeant, toujours plus concurrentiel, où chaque détail a son importance, où chaque choix peut faire pencher la balance du côté de la victoire ou de la défaite », partage-t-il. Un rythme qui ne laisse pas la place à l’erreur jusqu’au jour où… son corps lâche.
C’est le repos forcé pour Paco Lepoutre : « Il faut guérir le corps et la tête ». Ce qui le sauvera ? De retrouver, par hasard, ses outils de jeune garçon et de renouer avec sa seconde passion, la menuiserie. Au point que l’activité deviendra pour lui un espace de respiration, qui lui permet de se retrouver (et de retrouver sa bonne santé) quand la pratique de la voile devient trop intense. « J’ai choisi de ne plus en faire toujours plus. J’ai choisi de faire mieux. En étant à l’écoute de ma tête et de mon corps. Et en me dégageant ces parenthèses de respiration pour mieux me recentrer sur moi-même. Maintenant, je sais parfaitement ce dont j’ai besoin, à quel moment il me faut recharger les batteries, et surtout comment le faire. »
- La connaissance de soi passe aussi au travers du corps et par la capacité à entendre les signaux faibles. A travers son témoignage, Paco Lepoutre rappelle que la gestion des équilibres est essentielle pour quiconque recherche la performance : il faut prendre de la hauteur sur ses objectifs.
2 – Construire son leadership
Thierry Dusautoir a fait carrière dans le rugby, allant même jusqu’à occuper le poste de capitaine de l’équipe de France. Pourtant, pendant longtemps, il a hésité entre cette discipline et le judo, son autre sport fétiche. Dans les deux, cas, son goût pour la victoire ne le lâche jamais : « Je suis un compétiteur acharné. C’est en moi. Je me remets en question à chaque match, à chaque entraînement. J’ai besoin que tout soit parfait, je ne souhaite pas rendre une copie imparfaite. J’ai envie d’être le meilleur. Je me fixe des objectifs à chaque match. Si je ne remplis pas mes critères, je suis énervé contre moi. »
Et c’est le rugby, avec sa vision du collectif, qui finira par le convaincre… à condition d’officier dans l’ombre, de n’être reconnu que par les personnes qui lui importent : ses coéquipiers et les experts de l’ovalie. « Être sous les projecteurs, c’est difficile pour moi, je suis moins bon. La place à l’ombre, mais reconnue par mes pairs virgule me convient davantage. Lorsque la lumière est dirigée vers les autres, j’ai une charge mentale en moins, celle du regard des non-initiés, du public, des journalistes. J’ai uniquement besoin que mes coéquipiers, mon entraîneur, reconnaissent mon travail et mon impact. » Le jour où il devient capitaine change tout. Thierry Dusautoir prend conscience que son leadership va évoluer : il sera désormais celui qui doit prendre la parole en public, justifier son poste de capitaine, forcer sa nature et apprendre tout cela sur le tas : « Quand on te donne le brassard, on ne te donne pas le manuel qui va avec. (…) Je dois être celui qui fédère le groupe, qui génère la performance, qui transcende le collectif. Je me sens responsable de tous. »
- Le témoignage de Thierry Dusautoir rappelle qu’il est important de savoir définir son rôle au sein d’un collectif. Toute équipe a besoin de travailleurs de l’ombre, de coéquipiers discrets mais fiables et indispensables. Et que, surtout, il n’y a pas besoin d’être un showman pour un être un bon leader : le leadership n’est pas inné, il s’apprend et se développe tout au long de sa carrière.
3 – Etre pionnière et faire bouger les choses
Sarah Ourahmoune possède un prestigieux palmarès en tant que boxeuse : médaillée olympique d’argent, championne du monde, dix fois championne de France, etc. Pourtant, quand elle commence la boxe dans les années 1990 à l’âge de 14 ans, en France, les femmes n’ont pas le droit de s’inscrire à une compétition de boxe.
Il faut attendre 1999 pour que l’interdiction soit levée. Dans d’autres pays, une telle règle n’existe pas : en compétition, les boxeuses d’ailleurs sont donc bien plus habituées au stress des matchs, leur technique est encore meilleure, leur légitimité plus à prouver. Alors Sarah Ourahmoune et ses coéquipières de l’équipe tricolore vont s’entraider pour progresser : « Avec les autres filles, même si on est en concurrence à l’échelon national, on construit un pacte : celui d’être solidaire les unes des autres lorsqu’on matche à l’international. Puisque l’on ne peut pas compter sur nos entraîneurs, alors on va se coacher entre filles, se donner les petits conseils qui vont nous permettre de rivaliser, identifier les forces et les faiblesses de nos adversaires pour réussir à gagner. » Grâce à ce fonctionnement, Sarah Ourahmoune multiplie les victoires, à tel point que sa voix désormais est entendue jusqu’à la fédération française de boxe. Mais dans cet univers encore largement masculin, les choses bougent lentement, trop lentement.
Echouant aux portes des Jeux Olympiques de Londres en 2012, Sarah Ourahmoune choisit de réapprendre sa manière de boxer. Elle quitte son entraineur de toujours : elle change ses postures, ses frappes, sa façon de bouger : « Avec mon nouveau coach, je fais un gros travail d’introspection, je me regarde tel que je suis-je prends conscience de qui je suis-je me mets face à mes vérités. C’est libérateur. Je casse les codes et j’ose. La vérité n’est pas toujours chez les autres, la vérité est en moi. » Sarah Ourahmoune ira jusqu’à la finale des Jeux Olympiques de Rio en 2016, voyant dans sa médaille d’argent une « réponse à tous ceux qui n’ont pas cru en moi », affirme celle qui désormais œuvre pour davantage de mixité dans le sport.
- Pour réussir, il ne faut pas hésiter à repousser les croyances limitantes, que ce soit celles que l’on s’impose ou celles que fixent les autres. Le récit de Sarah Ourahmoune rappelle également que l’échec est une source d’apprentissage et que la reproduction des vieux schémas inhibe le progrès.
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