Comment se parler ? Comment réagir face à une attaque verbale ? Comment prendre soin de soi… tout en écoutant les besoins de l’autre ? Soit autant d’interrogations soulevées par l’aïkido verbal. Cette discipline, bien sûr inspirée de l’art martial, enseigne à mieux envisager les échanges. Et comme l’aïkido « classique », ni gagnant ni perdant à l’issue de la séance.

Prendre place dans le dojo, se mettre face à son adversaire et… lui parler. Ici, même si l’inspiration aux arts martiaux est évidente, il n’est pas question de combat. C’est une séance d’aïkido verbal, qui a pour objectif d’apaiser les tensions entre deux personnes, voire même d’améliorer leur communication. Aucun vainqueur, aucun perdant. Le propre de l’aïkido verbal est d’abord de trouver un terrain d’entente. « Il est un moyen de gérer la négativité, les conflits, les tensions dans les échanges. Il permet de se préserver soi et de préserver l’autre, bref de tous se protéger », présente Luke Archer, initiateur de l’aïkido verbal depuis 2009.

Trouver son centre

Christelle Perez est animatrice d’ateliers de développement personnel à destination des salariés. Elle participe régulièrement à des séances d’aïkido verbal depuis maintenant 3 ans. « L’aïkido verbal permet de trouver une solution pour résoudre un conflit, sans que les deux parties adverses ne se renferment, décrit-elle. Il propose aussi une approche en amont, une sorte de méthode préventive, pour justement éviter d’en arriver au conflit. » Ainsi, l’aïkido verbal favorise le développement de réflexes. Le principal ? Revenir en son centre. Un collègue vous reproche votre manque de professionnalisme ? Face à l’attaque, prenez un instant pour revenir en votre centre : ce dernier est propre à chacun ! C’est une sensation de confiance et de sérénité ressentie dans le corps. Ensuite, estimez le moment où vous lui donnerez votre réponse « J’essaie de m’assurer de ma sécurité, de mon bien-être et de ma connexion avec moi. Une fois que je suis bien là, je suis davantage en mesure d’aller vers l’autre, partage Christelle Perez. Puis, je laisse de l’espace à l’autre pour qu’il puisse s’exprimer. » L’animatrice compare l’exercice à une sorte de danse : « Nous allons et venons du ‘moi’ au ‘toi’, jusqu’à ce que le ‘nous’ surgisse. » Grâce à cette désescalade, un échange plus constructif est alors envisageable. Chacun s’écoute et est en mesure de mieux comprendre les besoins de l’autre. « En général, les conflits se manifestent parce qu’il y a une différence de besoins. Là, l’objectif, c’est d’utiliser l’énergie de l’agression pour la transformer. Elle redescend pour favoriser la conversation, mentionne Luke Archer. Chacun des participants se sent alors compris. »

Prioriser la relation

Oubliés les réponses qui fusent, les derniers mots à tout prix ou les échanges à bâtons rompus : l’aïkido verbal prône la mise à l’écart de l’ego. « La priorité, c’est, la relation que j’ai avec moi-même, que je dois respecter, mais aussi celle avec l’autre personne. Il s’agit donc de prioriser cette relation qui fonctionnera davantage que l’idée de vouloir gagner ou d’avoir raison, poursuit Luke Archer. L’aïkido c’est un art de fusion, c’est-à-dire que l’objectif est d’harmoniser les énergies. » Pour le formateur, cela aide aussi chacun à exprimer sa propre vérité, sans avoir peur que l’autre soit en désaccord. Cela ne signifie pas pour autant qu’il faille se taire et tout accepter, mais vraiment de trouver le juste milieu qui apaisera la relation. « On n’est ni paillasson ni hérisson ! », résume Christelle Perez.

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Diplômée en lettres modernes, Céline Tridon a suivi une formation en journalisme à l’IPJ. Elle y a confirmé son envie de travailler pour la presse écrite et web, souhait exaucé à travers la collaboration avec différents supports sur les thématiques « entreprise », « monde du travail », « management » et « RSE ». En 2023, elle reprend la rédaction en chef de My Happy Job.

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