Dans les relations aux autres ou avec soi, il peut il y avoir des moments de tension ou d’incompréhension. Ces signaux doivent alerter et amener chacun à se poser les bonnes questions. C’est ce que la coach Nathalie Minchella – Gergely appelle la « pagaille relationnelle », qu’elle détaille dans son livre « Vive la pagaille relationnelle, retrouver de la confiance et du sens au travail et ailleurs » (éditions Gereso).

Qu’est-ce que la pagaille relationnelle ?

Nathalie Minchella – Gergely : Ce sont tous les désordres, les tensions, les confusions qui peuvent exister dans les relations que nous entretenons avec les autres et avec nous-même. Ce sont toutes les situations inconfortables qui génèrent des malentendus et des incompréhensions. Toutefois, si j’aime ce mot « pagaille », c’est parce qu’il dédramatise des situations qui sont parfois amplifiées ou exagérées. En fait, c’est un terme qui montre que les relations sont vivantes.

Parfois, parmi les équipes que je rencontre, les collaborateurs sont amorphes, démotivés car il n’y a plus de dialogue. Et donc plus de pagaille. Ma proposition est la suivante : voir la pagaille comme une énergie et utiliser cette énergie pour trouver des solutions afin de s’en servir. On peut aussi l’atténuer si besoin, pour faire en sorte que les relations se passent mieux. Voire on peut choisir de mettre fin à une relation. Avoir de la pagaille est sain : elle permet de prendre conscience de l’état d’une relation.

Est-elle donc en quelque sorte une opportunité ?

Plus on évite les choses, plus elles nous encombrent et nous impactent négativement. Il s’agit de regarder les choses comme elles sont. Au-delà du vivant dans les relations, je vois la pagaille comme le signe d’une manifestation que quelque chose dysfonctionne dans une relation. Cela vaut aussi lorsqu’on ressent une pagaille dans une facette de sa propre personnalité. Quand on se rend compte que quelque chose ne va pas, cela peut venir de l’interaction dans la relation (aux autres ou à soi) et cela conduit à se poser des questions. C’est en ça que la pagaille est une opportunité. On peut alors prendre le temps de s’y arrêter et de voir ce qu’on veut en faire. C’est une énergie positive, dans ce sens où cela mérite qu’on y prête attention.

Comment agir, ensuite ?

J’ai imaginé la méthode « AUDACE », qui comprend plusieurs étapes :

  • apprécier le niveau de la pagaille relationnelle, c’est-à-dire la regarder comme un fait, une donnée, sans jugement ; c’est l’idée du pas de côté ;
  • utiliser la pagaille relationnelle pour en retirer l’énergie (et ne pas en perdre à ne pas comprendre pourquoi les choses ne fonctionnent pas)
  • décider ce que je veux faire face à la pagaille relationnelle : comment puis-je décider d’agir ? Ai-je une marge de manœuvre ? Qu’est ce qui est acceptable ou pas pour moi ?
  • analyser les actions qui sont possibles : est-ce dû à un manque de confiance en moi ? Est-ce que je suis souvent sous stress ?
  • co-construire les actions soit avec soi, soit au sein d’une équipe
  • écologie : il faut que ça soit sans inconvénient ni pour moi ni pour les autres de changer quoi que ce soit dans la relation.

L’audace, c’est oser agir différemment, c’est oser la nouveauté́. La pagaille relationnelle nous oblige à sortir de notre zone de confort dans les relations : l’appréhender avec audace, c’est y voir une occasion de questionner des évidences.

L’objectif est-il d’envisager des relations plus équilibrées ?

Oui et de redorer l’estime de soi. Tout part de soi : plus nous sommes bien avec nous-mêmes, mieux nous serons avec les autres. C’est dans les interactions avec les autres que jque nous découvrons qui nous sommes, que nous apprenons à connaître nos limites, notre vulnérabilité, que nous nous sentons reconnus (ou pas) et que nous apprenons finalement à mieux nous connaître. Les relations humaines sont essentielles à notre équilibre et à notre vie sociale.

Et surtout l’objectif, c’est de retrouver du sens et de l’authenticité dans les relations : cela permettra d’avoir une communication constructive, de pouvoir accepter des critiques et de pouvoir les formuler de façon constructive, etc. Tout en retenant que les relations sont vivantes : rien n’est jamais figé. Même si nous trouvons des solutions pour mettre le curseur de la pagaille relationnelle à un certain niveau qui soit acceptable pour soi et pour les autres à un instant t, à l’instant suivant, les choses peuvent complètement changer car le contexte change.

Rien ne peut jamais garantir l’issue d’une situation de pagaille relationnelle, mais quoi qu’il advienne, ce que nous aurons engagé de nous-mêmes dans la relation pour tenter de démêler les difficultés ne pourra, à mon sens, que nous apporter des enseignements bénéfiques.

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Diplômée en lettres modernes, Céline Tridon a suivi une formation en journalisme à l’IPJ. Elle y a confirmé son envie de travailler pour la presse écrite et web, souhait exaucé à travers la collaboration avec différents supports sur les thématiques « entreprise », « monde du travail », « management » et « RSE ». En 2023, elle reprend la rédaction en chef de My Happy Job.

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