Etes-vous plutôt extraverti ou introverti ? Dans le second cas, sachez que votre trait de caractère peut être un atout au travail. A condition de savoir le reconnaitre et de s’accorder quelques instants pour soi. C’est ce que propose Julien Prest, coach et fondateur du site Un monde pour les introvertis.
Comment définiriez-vous l’introversion ?
Julien Prest : Jung a été le premier à employer ce mot sous une forme plus « psychologique ». Selon lui, l’introversion, c’est une énergie tournée vers l’intérieur, à l’inverse des extravertis chez qui elle sera tournée vers l’extérieur. Nous sommes tous plus ou moins extravertis ou intravertis. Mais une personne vraiment introvertie sera davantage dans son monde intérieur que dans la communication avec les autres. Ce sera une personne plus discrète. Par ailleurs, en tant qu’introverti, on se fatigue plus facilement au contact des autres. Les extravertis se ressourcent au contact d’eux, les intravertis se ressourcent dans la solitude. C’est caricatural, mais ça s’observe : les extravertis sont à la recherche d’échanges, quand les introvertis, eux, auront tendance à s’effacer dans un groupe.
Comment cela se manifeste-t-il dans le domaine du travail ?
Le « problème », c’est que le domaine du travail est souvent un environnement extraverti, dans le sens où il faut se mettre en avant pour gagner en responsabilité, entretenir son réseau, faire parler de soi. Souvent, l’entreprise attend des collaborateurs d’être actifs en réunion, de parler, d’être spontanés, de venir à toutes les rencontres : c’est souvent contre-nature pour les personnes plus introverties et c’est donc souvent difficile à vivre. Le pire restant les open space, où nous sommes tous ensemble, toute la journée. Mais même sans l’open space, il y a un effet « groupe » au travail, entre le moment où nous arrivons et celui où nous partons. Généralement, nous sommes en permanence en contact avec les autres, que ce soit avec les collègues à côté de nous, en réunion ou en visio. Heureusement, il y a des solutions pour se sentir bien !
Quelles seront alors ces solutions ? Comment aider les introvertis au travail ?
La première chose c’est de prendre conscience de son trait de caractère. Les personnes introverties vivent avec beaucoup de culpabilité le fait d’être tout le temps fatiguées, de ne pas arriver à interagir avec les autres. L’exemple classique, c’est la machine à café à 10h, avec toute l’équipe qui s’y retrouve : j’y vais parce qu’il le faut, parce que sinon je vais me sentir exclu. Mais quand j’y suis, je n’arrive pas à interagir car il y a deux trois personnes extraverties qui prennent beaucoup de place, qui rigolent fort, etc. Après la pause, je reviens alors à ma place, déçu. Je culpabilise. Or, en comprenant ce qu’il se passe, on met des mots dessus et, intérieurement, ça va mieux.
Ensuite, une fois que l’on a pris conscience de son fonctionnement, il faut l’intégrer dans son emploi du temps, c’est-à-dire s’accorder des moments pour soi. Je dois m’autoriser à être seul. Par exemple, avant une réunion, je me réserve dix minutes, je mets un casque si besoin, je me concentre sur un sujet. Je m’autorise à prendre cette pause. Et cela vaut pour d’autres moments de la journée : la personne introvertie n’est pas obligée d’aller systématiquement à la pause café avec ses collègues. Bien sûr, il faut s’y rendre parfois pour nouer des liens, mais pas tout le temps. Comme elle peut s’accorder le droit de déjeuner seule, de temps en temps. Il s’agit de doser.
Par ailleurs, tout ne passe pas forcément par la parole ?
Il faut s’autoriser à être davantage soi-même dans sa communication, dans sa manière d’être. Quand on observe qui parle à une réunion, on constate que ce sont souvent les mêmes personnes qui occupent 90 % de la discussion. Pourtant, d’autres montreront qu’elles sont totalement présentes grâce à leur communication non verbale : elles regardent leurs interlocuteurs, elles prennent des notes, elles hôchent la tête : elles sont pleinement dans la réunion, sans la peur de se dire qu’il faudra y parler. Le simple fait d’être très présent physiquement donne l’impression que la personne participe… même si elle ne dit pas un mot ou presque. Ce qui aidera à mieux se sentir au travail, c’est de se rendre compte que l’on peut être soi-même, qu’on n’est pas obligé de se forcer à beaucoup parler. On peut rester quelqu’un de discret, calme. Si on est à l’aise avec cette idée, tout se passera bien et les autres viendront naturellement vers nous.
Est-ce important aussi de savoir reconnaitre les autres introvertis ?
Se dire qu’on n’est pas seul, cela fait forcément du bien ! Souvent, les introvertis ne voient que les extravertis, ils se comparent à eux. Au point d’être totalement focalisés sur ces personnes et de ne pas se rendre compte qu’il y a d’autres modèles, d’autres caractères autour d’eux…
Comment tirer parti de son introversion au travail ? Peut-elle être un atout ?
Il y a différentes qualités qu’on associe généralement au caractère introverti : le fait de savoir se concentrer, de rester indépendant, mais aussi l’empathie, l’écoute, la capacité à comprendre les enjeux, à prendre du recul. Bien sûr, chacun est différent : à chaque introverti de savoir comment utiliser ce trait de caractère dans son travail.
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