Il n’y pas que les élèves ou les étudiants qui doivent apprendre. Acquérir de nouveaux savoir-faire se fait tout au long de la vie… même si parfois le temps manque. Pour cela, il faut déployer un plan d’action et remettre en cause certaines habitudes. Autrement dit, il est question d’apprendre à apprendre. Explications avec Christian Martin, consultant, formateur et auteur de « 60 minutes pour apprendre à apprendre ».

L’objectif de votre ouvrage « 60 minutes pour apprendre à apprendre » (éditions Gereso) est-il de rappeler que nous devons apprendre tout au long de notre vie ?

Christian Martin : Il s’agit en effet d’apprendre à apprendre et… à désapprendre. Et ce, à tous les âges. Pour cela, il faut utiliser des techniques, des méthodes générales : il s’agit de travailler de manière systématique à l’acquisition de conduites métacognitives mises en œuvre lors de l’exécution d’une tâche (au début, en cours, à la fin et après la tâche). On n’apprend pas à apprendre dans le vide. In fine, c’est le meilleur investissement que chacun d’entre nous puisse faire pour continuer d’apprendre tout au long de la vie, et conserver ses chances dans un monde où celui qui n’avance pas recule.

Par quoi cela passe-t-il ?

Par une organisation rigoureuse du temps à y consacrer. L’adulte au travail est toujours sousmis aux pressions du quotidien. Donc, le premier conseil est de préserver le temps pour apprendre, même si cela ne représente que 10 minutes par jour. Beaucoup ne se donnent pas les moyens d’apprendre car ils ont une mauvaise gestion du temps. Or, le temps d’apprentissage passe par une évaluation des besoins en temps pour atteindre ses objectifs.

Ensuite, il s’agit de savoir pourquoi nous apprenons : il faut avoir défini des objectifs d’apprentissage. Est-ce pour se faire plaisir ? Ou atteindre un objectif professionnel ? Un plan d’action permet d’organiser son apprentissage.

Quels seront les bénéfices de l’apprentissage, en dehors de l’acquisition d’une nouvelle compétence ?

Apprendre, c’est toujours ce qui nous permet de nous adapter au changement dans notre environnement. Pour les salariés, cet environnement change d’ailleurs de plus en plus vite… Aujourd’hui, la quantité de connaissances à acquérir augmente de façon exponentielle et les connaissances acquises ont une durée de vie de plus en plus courte. Apprendre devient une nécessité.

En dehors de l’acquisition d’un savoir, l’apprentissage témoigne d’une flexibilité mentale. Dès lors que vous avez une posture d’apprenant, vous aurez la capacité de réagir aux changements d’environnement en désapprenant et en étant prêts à vous orienter vers autre chose.

Pourquoi désapprendre ? S’agit-il de remettre en cause ce que nous savons ?

L’objectif de désapprendre, c’est de mettre fin à des apprentissages qui font obstacle à un apprentissage nouveau. C’est un acte volontaire par lequel nous nous efforçons de modifier nos connaissances, de remplacer des savoirs ou savoir-faire devenus obsolètes. C’est, par exemple, un CEO qui doit désapprendre son style de management. Lorsqu’il est devenu CEO,  il appliquait peut-être un style de management plutôt autoritaire ou volontariste. Désormais, cette méthode ne fonctionne plus. Il doit privilégier des qualités d’écoute, d’empathie, de pleine conscience… Soit des qualités qui ne sont pas celles qui lui ont permis de parvenir à ce poste : il doit désapprendre ce qui lui a permis d’arriver là où il est et acquérir une nouvelle façon de faire.

Par quoi passe l’apprentissage ?

Emotion, mémoire, auto-efficacité… Il y a de nombreux paramètres qui rentrent en compte. A commencer par l’attention, qui est la porte d’entrée vers l’apprentissage. Si vous ne faites pas attention, il n’y a aucune chance pour que vous puissiez stocker de l’information utile. De même, si vous n’êtes pas motivés par un apprentissage, il y a des chances pour que vous abandonniez plus vite. Quant à l’hygiène du cerveau (qui passe par une bonne nourriture, le sommeil, le sport), elle est vraiment importante pour qui veut pouvoir apprendre à tous les âges de la vie.

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