Bien que la prestation soit encore largement réservée aux cadres et dirigeants, de plus en plus de salariés négocient un outplacement pour retrouver rapidement un nouveau job ou démarrer une nouvelle vie professionnelle suite à un départ volontaire ou non de leur entreprise. De quoi s’agit-il et comment réussir son outplacement ?
L’outplacement est un coaching de carrière pris en charge par votre entreprise et pouvant marquer un véritable tournant dans un parcours professionnel et, plus largement, dans une vie. Afin de vous assurer de son déroulement et de la réussite de votre démarche, certains écueils doivent à tout prix être évités.
1 – S’assurer que l’outplacement correspond bien à ses besoins du moment
L’objectif d’un outplacement est de repositionner durablement sur le marché du travail. Cela passe par un coaching de fond comprenant, en règle générale, un bilan de carrière suivi d’une phase d’action pour décrocher le poste convoité ou démarrer votre activité si vous vous lancez dans l’aventure entrepreneuriale. Le premier piège consiste à opter pour l’outplacement alors que la prestation ne correspond pas à votre besoin du moment.
La première question à vous poser est donc la suivante : l’outplacement est-il vraiment fait pour moi en ce moment ? Pour y répondre, questionnez-vous sur vos besoins : de quoi ai-je besoin actuellement ? De faire un point sur ma carrière ? De clarifier la direction à prendre ? Ai-je des doutes quant à la suite ? Suis-je perdu ?
Si à l’issue de cette première réflexion, vous vous rendez compte que vous savez exactement où vous allez (rester sur le même type de poste et d’entreprise/prendre un virage dont vous connaissez la destination), demandez un outplacement d’action ne comprenant pas la phase du bilan de carrière. Vous axerez alors votre demande sur la recherche du poste convoité (travail sur les outils de candidature, mise en réseau avec des chasseurs de têtes, préparation aux entretiens, etc.). De même, si vous êtes actuellement en situation d’épuisement professionnel (burn-out) et que vous êtes très fatigué, ce n’est sans doute pas le bon moment pour enclencher le processus, sauf à faire commencer votre outplacement plus tard et à opter pour un cabinet spécialisé dans l’épuisement
2 – S’adresser à un (vrai) professionnel de l’outplacement et avoir le feeling
Il s’agit là d’un point crucial. Seuls pourront vous accompagner efficacement des professionnels de la gestion et de la transition de carrière doublés d’une expertise sur le recrutement et/ou l’entrepreneuriat. Il faut donc vous assurer, avant de choisir le cabinet qui vous accompagnera, de l’expérience des consultants. De même, le feeling avec votre accompagnant est capital.
Un outplacement est un travail de co-construction. C’est un exercice intimiste au cours duquel on se livre beaucoup. Il est nécessaire de se sentir à l’aise, non jugé et surtout de pouvoir parler sans filtre ni auto-censure. Vous formerez un binôme et avancerez main dans la main. Autant bien s’entendre et avoir confiance ! Assurez-vous également de la disponibilité et de la réactivité de votre consultant et assurez-vous qu’il ne gère pas trop d’outplacés en même temps. Il est important qu’il puisse répondre à vos sollicitations dans un délai raisonnable.
3 – Ne pas mettre la charrue avant les bœufs
L’outplacement dure plusieurs mois. De quatre à douze en moyenne. Au démarrage, on est souvent pressé : on veut avancer et y voir clair rapidement. C’est tout à fait normal et légitime. Cependant, ne précipitez pas les choses. Vous vous lancez dans un cheminement introspectif qui nécessite de la maturation et un délai d’infusion entre chaque séance avec votre consultant. Aller trop vite vous ferait prendre des décisions hâtives et mal maîtrisées. Attention, sous cet angle, à votre impatience ou à la pression exercée par les proches (“alors t’en es où?”, “ça prend du temps dis donc“…). Savoir se protéger des injonctions ou craintes des tiers est important.
4 – Ne pas prendre votre accompagnant pour votre thérapeute ou pour un magicien !
Il s’agit là d’un écueil classique en matière d’accompagnement : croire que son accompagnant va apporter l’ensemble des solutions sur un plateau ou sortir la voie à prendre de son chapeau. Les choses ne se passent pas comme cela. Seul le travail de co-construction vous permettra d’y voir clair et d’avancer efficacement.
Votre consultant n’est pas un voyant ni un magicien. C’est en avançant main dans la main que vous trouverez, ensemble, les réponses à toutes vos questions. De la même façon, votre consultant n’est ni psychologue, ni psychiatre (bien que cela arrive de trouver des psychologues ayant la casquette RH/recrutement). Si l’outplacement a évidemment une dimension psychologique importante (le cheminement étant parfois un yoyo émotionnel), il est important d’être accompagné par ailleurs d’un point de vue psychologique si vous en ressentez le besoin.
A noter que le métier d’outplacement n’est pas réglementé en France et encore mal connu. Si l’on vous propose une dimension thérapeutique, fuyez ! Si votre outplacement vous amène vers une introspection profonde et vous permet de répondre à vos interrogations actuelles, il ne résoudra pas des problématiques d’ordre purement psychologiques. Le travail avec un psychologue ou psychiatre se concentre essentiellement sur le passé afin de relire votre histoire et d’en comprendre l’influence sur votre psychologie et vos comportements. Votre coach en outplacement se concentre sur le présent afin de dessiner ensemble votre avenir, déverrouiller vos blocages et passer à l’action.
Enfin, ne pensez pas non plus que l’outplacement vous apportera un nouveau job sur un plateau. Il faut garder en tête que les cabinets d’outplacement ont une obligation de moyens et non de résultats. Le consultant n’a pas vocation à vous apporter une solution toute prête, clé en main, mais à vous accompagner et vous aider dans la construction de votre projet professionnel
5 – Négliger l’approche “projet de vie”
Il est essentiel d’intégrer votre démarche professionnelle dans un projet de vie plus global, l’idée étant d’intégrer votre vie pro à votre VIE, et non l’inverse. Ce travail de définition du projet de vie est parfois complètement mis de côté par certains prestataires. Là encore, fuyez ! Vie pro, vie perso, vie sociale, etc. sont des vases communicants. La recherche d’un équilibre est importante pour s’éviter frustration et épuisement (à mettre tous ses œufs dans le panier du travail, on s’oublie et on s’expose au risque de burn-out)
6 – Faire l’impasse sur la dimension émotionnelle
Comme nous l’avons indiqué plus haut, vous pouvez vous sentir pressé au démarrage de votre outplacement. Pressé de retrouver un poste. Pressé de vous remettre « en sécurité » ou de vous lancer dans un nouveau projet. Car le départ, souvent subi (même s’il soulage d’une situation qui ne pouvait parfois plus durer), s’accompagne forcément de son lot d’angoisses et d’incertitudes sur l’avenir, sentiment renforcé en cette période de chamboulement du marché du travail. La tentation est alors grande de vouloir aller vite, de postuler à tout va, de foncer tête baissée dans une recherche d’emploi ou de lancer le plus rapidement possible votre projet entrepreneurial.
Si l’objectif final de l’outplacement est bien évidemment que vous retrouviez un emploi ou démarriez un nouveau projet, il y a des étapes qu’il ne vaut mieux pas brûler si vous voulez faire le bon choix.
La première, à laquelle on ne pense pas toujours, est de faire le deuil de votre dernier poste, de votre entreprise et des conditions de votre départ. C’est évident lorsque le départ a été douloureux, laissant d’amers sentiments s’insinuer dans votre rapport au travail. Il est alors urgent de travailler sur ces émotions avant de se lancer dans une recherche d’emploi. Et même dans le cas d’un départ souhaité de votre côté, il n’en reste pas moins un départ, qu’il faut accompagner. Si cette étape de deuil, et la « purge » des émotions associées, n’est pas faite, vous risquez de « traîner » ces émotions lors de votre recherche. Ce serait dommage et pourrait même être pénalisant, en faisant par exemple irruption lors vos entretiens de recrutement. Une étape d’accueil et d’expression de tous les sentiments vécus en amont et en aval du départ est donc souvent nécessaire. Peuvent s’y mêler la colère, la désillusion, la tristesse, la peur, voire même la gratitude ou la culpabilité, dans un cocktail qu’il faut alors digérer. Prendre le temps d’accueillir ces émotions, parfois contradictoires, et les coucher sur papier par exemple, permet souvent de s’en libérer, pour avancer plus sereinement.
La deuxième étape, indispensable, est de prendre le temps de passer par une phase d’introspection, afin d’être le plus au clair possible sur vos envies, vos contraintes, vos atouts et talents, afin de définir un projet enthousiasmant et réaliste, avec un cahier des charges précis vous permettant de cadrer votre recherche. Votre coach sera bien sûr là pour vous y aider ! La tentation est parfois grande de vouloir « zapper » cette étape de préparation qui peut paraître superflue. Attention, elle ne l’est pas. Elle va vous permettre d’être plus efficace dans votre recherche, en évitant de vous disperser ou de partir sur des pistes inadaptées. Mais elle vous permettra également d’être plus percutant dans vos entretiens, et surtout de retrouver entrain et motivation, deux ingrédients indispensables à tout bon entretien de recrutement, ou à tout lancement de projet entrepreneurial ! Cette étape fait globalement du bien, en apportant réalignement, entrain et confiance.
Faire le deuil de sa dernière expérience, avec toutes les émotions associées, et prendre le temps de construire son nouveau projet, en acceptant de mettre sur « pause » le temps du questionnement (cette pause étant plus ou moins longue selon la définition initiale de votre projet), vous aideront donc à aborder la phase de recherche ou de lancement d’activité plus confiant et mieux armé. Car pour la suite de votre outplacement : patience, confiance et persévérance seront les mots clés.
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