Congé respiration, congé de priorité personnelle… Peu importe le nom, le principe est le même : offrir à un salarié de s’absenter quelques mois en conservant une partie de son revenu pour faire… ce qu’il veut ou presque ! Le but : lui permettre de se ressourcer pour revenir, plus motivé !
C’est un sacré argument de fidélisation. Quelques entreprises ont mis en place un congé dit « de respiration » chez Orange, ou de «priorité personnelle » (CPP) chez Accenture. Si les modalités en terme d’ancienneté ou de revenu diffèrent un peu*, le principe est le même : permettre à ses employés, une fois dans leur carrière, de faire une pause.
Rien à voir pourtant avec des congés, cette pause de quelques mois doit permettre de réaliser un projet, afin de revenir encore plus motivé dans son travail, voire en ayant acquis de nouvelles compétences.
Des congés pour réaliser des projets très divers
«Certains sont partis voyager, j’ai notamment un collègue qui a visité 4 ou 5 pays en Amérique latine, un autre a participé à la construction d’une ferme en permaculture au Maroc », raconte Marie Demalaine, senior manager chez Accenture, qui vient de revenir de son « CPP ». « Je fais beaucoup de peinture et de dessin, et j’ai voulu prendre trois mois pour créer une toile que j’avais en tête, expérimenter et produire », raconte la jeune trentenaire. Entre juillet et octobre, elle a donc participé à une « summer school aux Beaux arts de Paris », et réalisé « deux voyages d’inspiration, au Pérou et au Liban ». « J’ai passé le moins de temps possible à Paris, le plus possible à la campagne », poursuit la peintre amateure, qui se réjouit de ce temps bien occupé, qui lui a permis de réaliser 16 toiles : « mon objectif était d’en faire 15 » dit-elle fièrement. « Cela faisait longtemps que j’avais envie de peindre davantage, mais des congés de quinze jours ne le permettent pas : pendant les vacances, on a besoin de se décompresser, de se reposer », analyse-t-elle.
Pendant ce congé, au contraire, elle s’est astreinte à un rythme régulier, avec des heures de lever régulières chaque matin. À son retour, le mois dernier, ses collègues l’ont beaucoup interrogé sur ces mois en dehors de l’entreprise. « C’est une opportunité extraordinaire, on a rarement l’occasion de s’arrêter trois mois dans sa carrière », remercie-t-elle. Motivée pour sa reprise, elle reconnaît que ce congé est un bon argument de rétention des talents. « Cela donne envie de rester dans l’entreprise pour avoir l’ancienneté nécessaire, et désormais, je reviens avec un regain d’énergie et sachant que j’ai acquis des techniques de peinture que je vais garder et que je n’aurais jamais acquis en ne peignant que le week-end ».
Les exemples d’entreprises comme Orange, Accenture…
Rien à voir avec un congé sabbatique classique puisque ce congé est rémunéré. Chez Accenture, le congé de priorité personnelle peu durer jusqu’à trois mois. Il est accessible au salarié après 5 ans d’ancienneté et rémunéré à 50% de leur rémunération habituelle. 330 collaborateurs en ont déjà bénéficié depuis mai 2021.
Chez Orange, ce congé dit « de respiration » est encore en période de test, jusqu’en septembre 2023. 70 salariés en ont déjà bénéficié. Accessible après dix ans d’ancienneté chez Orange et un an d’ancienneté dans son poste. Il permet de faire une pause de trois à douze mois, rémunérés à hauteur de 70% de son salaire, afin de s’investir dans une activité d’intérêt général pour une durée d’un an. Une salariée travaille par exemple désormais pour l’association Valentin Haüy, qui vient en aide aux personnes aveugles. Le congé, chez l’opérateur de télécommunications, peut également être utilisé pour une reprise d’étude, un projet de recherche universitaire ou permettre l’accompagnement d’une start-up ou d’une PME, notamment. Le projet doit être validé en accord avec les ressources humaines.
Orange a ouvert 250 places cette année. « Ce qui nous incite à tester ce dispositif, c’est de garder nos salariés motivés. L’ancienneté moyenne au sein d’Orange est de 18 ans. Or au bout de dix à vingt ans dans l’entreprise, certains s’essoufflent ou se questionnent. C’est une façon pour nous de travailler notre marque employeur et de montrer aux salariés qu’ils peuvent s’investir ailleurs, tout en reprenant ensuite leur parcours chez nous », motive Gervais Pellissier, directeur people & transformation du groupe, interrogé par Entreprise et carrières.
La start-up spécialisée dans le marketing digital, Artur’In, proposera quant à elle à ses salariés un congé sabbatique de deux mois, payés, à partir de janvier 2023, accessible à partir de trois ans d’ancienneté.
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