Vous vous sentez un peu perdu dans votre vie pro et/ou perso ? Vous vous demandez si votre vie actuelle vous correspond vraiment ? Vous avez du mal à vous projeter dans l’avenir ? Vous traversez peut-être une crise existentielle. Les explications d’Isabelle Pailleau, dirigeante de La Fabrique à Bonheurs et psychologue clinicienne du travail.
Comment reconnaître une crise existentielle ?
Isabelle Pailleau. La crise existentielle est une crise identitaire. On se demande qui on est vraiment, notamment par rapport aux rôles que l’on occupe au travail, en famille… C’est une question d’alignement. Suis-je bien à ma place ? On n’a plus de certitudes, on ressent de la lassitude et de la fatigue émotionnelle, on remet en cause ce qui nous semblait aller de soi il y a encore peu. Physiquement, ce n’est pas la grande forme, on se sent un peu “bof”, comme dans un moment de flottement. Le quotidien manque de saveur, alors même que souvent sur le papier tout va plutôt bien. La personne qui traverse une crise existentielle se sent perdue comme dans un labyrinthe, celle qui est en dépression est plutôt au fond du gouffre et ne ressent plus d’envie du tout.
Est-ce forcément une crise de milieu de vie ?
I.P. Non, la crise existentielle peut arriver à n’importe quel âge même si certaines périodes de notre vie sont plus propices à ces questionnements. A la quarantaine, par exemple, on a généralement construit sa famille, les enfants grandissent, on a une bonne expérience professionnelle : tout va bien jusqu’au jour où l’on se demande si tout cela a bien un sens. Est-ce que ma vie est en adéquation avec mes valeurs, mes aspirations profondes, qui je suis (et pas qui les autres ont voulu que je sois) ? Certains jeunes peuvent traverser les mêmes doutes existentiels et la même crise de sens, après leurs études ou après une première expérience professionnelle décevante.
Focus sur la crise du milieu de vie
“La crise du milieu de vie est une crise existentielle, une crise de sens, une période de transition et d’incertitudes. Elle coïncide aujourd’hui avec une crise collective, économique et écologique qui majore les problématiques personnelles et nous fragilise.
Aux alentours de la quarantaine nous avons soudain l’impression que nos rêves sont derrière nous. Qu’avons-nous fait de nos vies ? Et si c’était à refaire ? La remise en question est inévitable, mais elle est aussi riche d’enseignements. Faire le bilan de sa vie, c’est considérer ce qui nous reste à faire, reconnaître ce que nous avons accompli et s’interroger : est-ce que nos choix sont cohérents avec ce que nous sommes aujourd’hui ?
Nous avons souvent passé la première partie de nos vies à solliciter la reconnaissance de nos proches et de nos pairs. Il est temps à présent de nous soustraire au regard de l’autre pour vivre notre vie. Cet ouvrage nous invite à découvrir qui nous sommes en profondeur pour faire de ce milieu de vie l’occasion d’un nouveau départ.”
La crise existentielle peut-elle toucher autant le pro que le perso ?
I.P. Oui, tout à fait. Elle peut commencer par le travail ou par le couple, et l’un aura très souvent des répercussions sur l’autre. Comme c’est une crise identitaire, en général les deux dimensions sont concernées. Cela dépend également de comment l’entourage réagit aux ajustements et changements que cette crise entraîne.
Quelles sont les différentes étapes pour s’en sortir ?
I.P. Je conseille tout d’abord de faire un bilan. Listez tout ce que vous appréciez dans votre vie, ce qui vous avez trouvé chouette ces derniers temps. Faites un pas de côté, et observez toutes les dimensions de votre existence. Ensuite, listez les “Oui, mais” : ce qui vous ennuie, vous contrarie, vous dérange actuellement. Sur quoi avez-vous la main ? Si vous avez l’impression d’avoir une montagne devant vous, adoptez la stratégie des petits pas : quelle première action pouvez-vous mettre en place pour que les choses changent ?
Il peut également être intéressant de faire un bilan qui donne du sens et de la valeur, de réfléchir à votre parcours par exemple avec des outils comme l’arbre de vie. Creusez un peu : quel est le sel de la vie pour vous ? Qu’est-ce qui vous met en joie et vous donne de l’énergie ? Ce n’est pas forcément votre travail en lui-même, mais peut-être une activité qui vous fait du bien et pourrait prendre plus de place dans votre vie : créer, aider les autres, vous former, etc. L’idée est de retrouver un équilibre qui vous convient et de vous reconnecter à vous-même, à vos envies.
Quels sont les écueils à éviter ?
I.P. Tout plaquer du jour au lendemain sans prendre ce temps de réflexion ! Pour certains, il faudra en effet quitter son entreprise, se reconvertir ou divorcer, mais ce n’est pas le cas pour tout le monde, et surtout on ne change pas tout sur un coup de tête ou dans la précipitation. Il ne faut pas non plus croire que l’on peut s’en sortir seul ou que tout va s’arranger sans rien faire : de multiples accompagnements sont possibles tant sur le volet pro que perso.
Pour ne rater aucune actualité en matière de qualité de vie au travail, inscrivez-vous à la newsletter de My Happy Job, parcourez nos hors-séries thématiques et découvrez notre annuaire du bien-être au travail.
A lire aussi :
– L’exercice du carré de vie
– Du sens au travail, oui, mais quel(s) sens ?
– Je suis en poste et souhaite me reconvertir : par où commencer ?