Et si, pour transformer le monde, il fallait aussi transformer notre façon de concevoir le leadership, et, pour cela, mobiliser d’autres intelligences que celle à laquelle nous avons recours d’ordinaire ? C’est que vous propose la coach, conférencière et formatrice, Sylvaine Messica, auteure du livre 7 intelligences pour révéler votre leadership et construire le monde de demain*. 

Nous vivons dans un monde complexe, dominé par les normes, dont la crise sanitaire tout à fait inédite liée à la pandémie du Covid-19 a révélé bien des failles et des limites, mais aussi un urgent besoin de changement. Car si nous connaissons et utilisons l’intelligence rationnelle, mise en avant dès les bancs de l’école, il existe pourtant d’autres intelligences qui mériteraient, elles aussi, d’être explorées et valorisées…

Comment expliquez-vous qu’on se focalise en France principalement sur l’intelligence rationnelle ?
Sylvaine Messica. Cela s’explique par notre histoire et notre culture. Le modèle scolaire y contribue également avec un modèle de réussite très normé. Beaucoup d’écoles n’apprennent pas à changer le monde, mais plutôt à le gérer. Encore aujourd’hui, beaucoup d’entreprises trient les CV selon les diplômes des candidats, en privilégiant ceux qui leur ressemblent. Malgré les discours qui valorisent les profils atypiques et les singularités, peu de RH osent vraiment miser sur des intelligences différentes. Tant que le monde sera dans la compétition et le “court-termisme”, l’intelligence sera limitée à la performance et à la résolution de problèmes. Elle se limitera à un cahier des charges, une norme, un objectif, ce qui génère peu d’intelligence collective.

Quelles sont les autres intelligences dont vous parlez ?
S.M. J’en détaille plusieurs dans mon livre : l’intelligence émotionnelle, l’intelligence relationnelle, l’intelligence de créativité et d’agilité, l’intelligence de vision, l’intelligence de décision et d’action ou encore l’intelligence situationnelle. Il n’y a aucune hiérarchie. Toutes correspondent à des compétences clés pour les leaders, notamment en période de crise. Un bon manager doit ainsi, par exemple, réussir à développer une vision pour l’avenir et la partager avec ses collaborateurs en mobilisant son intelligence émotionnelle et relationnelle. L’écueil ? C’est d’être centré sur le passé en mode “C’était mieux avant !”. Grâce à sa capacité de vision, il pourra embarquer son équipe, la faire aller de l’avant. Cela demande d’avoir du recul sur le présent, surtout quand il est chamboulé, sans pour autant devenir utopiste.

Qu’est-ce qu’un bon leader ?
S.M. C’est quelqu’un qui mène des combats, défend des idées, amène des changements pour une transformation positive. Les leaders les plus charismatiques ne sont pas forcément ceux qui dirigent un pays ou une multinationale. Le leadership est aussi l’art de réussir sa vie comme on l’entend, en étant en phase avec ses valeurs et ses rêves. Les leaders vont guider vers les bonnes décisions, avec créativité et valeurs. Un bon leadership repose sur deux piliers : l’humilité et la confiance.

Comment développer les différentes formes d’intelligences ?
S.M. En s’entraînant, comme les sportifs, et en apprenant à mieux se connaître. Par exemple, pour développer l’intelligence situationnelle, des disciplines comme le théâtre d’impro, la danse et le chant sont utiles. Elles vont vous aider à cultiver votre spontanéité en vous sortant de votre zone de confort. A vous de trouver des activités que vous aimez et qui vous permettent de vous mettre un peu en risque par rapport à votre quotidien. Pour l’intelligence relationnelle, il est essentiel de développer son empathie et sa bienveillance, d’exprimer sa gratitude, de faire des compliments… Vous pouvez aussi tester le portrait chinois : c’est un outil très intéressant pour se connaître autrement, mais aussi (re)découvrir les autres autrement. Il permet de se projeter en toute sincérité et avec spontanéité à travers de métaphores qui nous éclairent. C’est un exercice très sympa, et très révélateur.

* First éditions. Illustrations de Philippe-Elie Kassabi.

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Diplômée de Sciences-Po Paris, Fabienne Broucaret a fondé My Happy Job en 2016. Elle en a été la rédactrice en chef jusque fin 2022. Conférencière et journaliste, elle a écrit "Mon Cahier Happy at Work" (Solar) et "Télétravail" (Vuibert). Elle a aussi co-écrit “2h chrono pour déconnecter (et se retrouver)” avec Virginie Boutin (Dunod). Passionnée par les questions de mixité, elle est enfin l’auteure des livres "Le sport, dernier bastion du sexisme ?" et "A vos baskets toutes ! Tour de France du sport au féminin" (Michalon).

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