It doesn’t have to be crazy at work. C’est une belle promesse et c’est surtout le titre du dernier livre de Jason Fried et David Heinemeier Hansson, les fondateurs et dirigeants d’une société de logiciels florissante créée en 2004. Leurs principes semblent de bon sens mais sont tellement à l’opposé de ce qu’on trouve aujourd’hui dans le monde du travail que je ne résiste pas à l’envie de les partager avec vous…
1° L’esprit de conquête est sans intérêt. Part de marché, être numéro 1, aux oubliettes ! Ce qui importe c’est d’avoir un business profitable, pas de se comparer aux autres (qui ne sert à rien).
2° Fixer des objectifs fait plus de mal que de bien. Les objectifs sont fixés arbitrairement, ensuite ça devient une source de stress et enfin les entreprises compromettent leur morale, leur intégrité et leur honnêteté pour les atteindre. Ce qui compte c’est simplement de faire le meilleur travail chaque jour. Et ça suffit !
3° Les plans à long terme sont inutiles. Vous n’avez aucune idée de ce que le monde sera dans 5 ans, ni même 1 an. En plus, quand vous n’avez pas de plan à long terme, vous pouvez changer d’avis facilement. Leur ligne d’horizon : 6 semaines. Ce qui permet de se focaliser sur le présent et non un hypothétique avenir, et d’être agile.
4° Arrêter de sortir à tout prix de sa zone de confort. La zone de confort, c’est là où vous pouvez exceller. Alors au lieu de vous forcer à aller vers ce qui ne vous convient pas, approfondissez là où vous vous éclatez !
5° 40 heures par semaine maximum et 32 heures l’été : et ça suffit ! Si vous n’avez pas le temps de tout faire, vous n’avez pas besoin de travailler plus longtemps, vous avez besoin de mieux choisir ce que vous faites. Et interdiction d’être dérangé pendant ses vacances !
6° Stop aux interruptions. La réunion est la solution de dernier recours et pas de messagerie instantanée ni de réponse immédiate aux emails. Pourquoi est-ce que vous avez besoin de travailler chez vous le soir et le week-end ou de plus en plus tard ? Parce que c’est devenu impossible de travailler au travail ! L’objectif : que chacun puisse travailler plusieurs heures, voire une journée entière sur un même sujet au travail. Pour cela, le modèle c’est le prof de fac : vous avez le droit de venir lui poser des questions pendant des horaires d’ouverture. Le reste du temps, vous vous débrouillez, ou vous attendez (vous avez de toute façon autre chose à faire aussi).
7° Plus c’est important, plus ça doit attendre. C’est précisément là où c’est important que vous avez besoin de prendre votre temps pour réfléchir. Pas de présentation en public pour éviter les réactions à chaud : les projets sont présentés par écrit et les feedbacks sont faits au bout de 15 jours. Le temps d’y réfléchir avec recul.
8° Une nouvelle éthique de travail : ne pas être disponible tout le temps et corvéable à merci, mais faire votre travail, respecter les clients et ses collègues, ne pas perdre de temps et ne pas en faire perdre aux autres.
9° Pas besoin de savoir où sont les salariés, ni ce qu’ils font. Pas de calendrier partagé qui est une invitation à venir manger votre temps pour des choses inutiles. L’hypothèse de base concernant les salariés: « j’essaie de faire mon travail. Merci de respecter mon temps et mon attention ». Est-ce que les salariés sont en train de travailler ou pas ? On s’en fiche, du moment que le travail est fait à la fin.
10° Recruter des gens différents et sur leur travail. Peu importe le CV (formation, expérience, etc). Ce qui compte c’est : est-ce qu’on a envie de travailler avec et est-ce que la personne est différente de ce qu’on a déjà dans l’équipe ? Pour départager les finalistes, les candidats sont engagés et payés une semaine (1500$) pour réaliser un vrai projet. Comme ça ils sont évalués sur leur travail, pas ce qu’ils en disent.
11° Travail égal, salaire égal, et pas de variable individuel. Une grille par poste et niveau d’expérience et c’est tout ! Comme ça pas de négociation et de différences individuelles. Le variable, c’est 25% de la hausse de chiffre d’affaires en quoi de croissance. Pour tout le monde ! Et pour les 1% qui ne jouent pas le jeu ? On les gère. On ne fait pas une politique générale pour 1% des gens.
12° De vrais avantages en nature. Une prime par personne ou famille pour payer les vacances chaque année, en plus des jours donnés, 30 jours de congés sabbatiques offerts tous les 3 ans et 1000 $ pour se former à ce que les salariés veulent (sans aucun lien avec leur travail s’ils le veulent). Pas de conciergerie, salle de repos et diners payés. Ca s’appelle une prison, ça. Le but, c’est que vous puissiez rentrer chez vous le plus vite possible.
13° Un nouvel open-space sur le modèle de la bibliothèque. Du calme, de la sérénité, une ambiance studieuse où on peut travailler sans être distrait.
14° Un bon usage des deadlines. Les deadlines sont fixes. Ce qui ne l’est pas, c’est le travail à faire. Donc on n’en rajoute pas en cours de route et, au contraire, on ne peut que le diminuer pour tenir le deadline. Et qui décide ? L’équipe qui fait le travail.
15° En faire moins. Si vous avez besoin de terminer plus de choses, c’est que vous avez besoin d’avoir moins de choses à faire. La gestion du temps est une idiotie : le temps ne se gère pas, ce qui se gère c’est ce qu’on a à faire. Donc il y a des projets, des demandes pour lesquels c’est simple : c’est non !
Evidemment, tout cela est faisable uniquement quand c’est la direction qui fixe (et suit) ces principes…
Ancien directeur du développement des talents chez KPMG, psychologue clinicien, thérapeute spécialisé en thérapies comportementales et cognitives (TCC) et en thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT), Christophe Deval est associé fondateur de A.Life, co-auteur de Simplifiez vos relations avec les autres et Découvrir l’ACT (Intereditions). Plus d’infos : www.a-life.fr et www.act-life.fr
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